Malgré l’affaire Fillon, malgré la loi qui s’en suivit - la première de l’ère Macron -, des députés continuent d’employer des membres de leur famille comme collaborateurs parlementaires. Certes, la nouvelle législation, issue du texte «pour la confiance dans la vie politique», laisse jusqu’au 15 décembre aux élus pour se séparer de leurs collaborateurs familiaux devenus illégaux. Mais au lieu d’anticiper et, accessoirement, de montrer l’exemple, une quinzaine de députés, élus en juin 2017, ont choisi de profiter au maximum de la possibilité de faire travailler - et de rémunérer - leur femme, leur mari ou leurs enfants.
Sur les 15 parlementaires repérés par Libération, la moitié sont membres de LR, deux émargent à la droite de LR, deux chez «les constructifs», deux à l'UDI, un à LREM et un au PS. Huit d'entre eux emploient leur femme, comme Gilbert Collard (Rassemblement bleu marine), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), Yves Jego (constructifs) ou Jean-Pierre Door (LR). Seuls Thierry Solère a pris les devants, en remerciant, dès le 17 juillet, son épouse, Karine Solère. Quatre autres emploient leur progéniture, tels Claude Goasguen (LR), Marc Le Fur (LR), Francis Vercamer (UDI), mais aussi Jean-Luc Reitzer (LR), qui réussit l'exploit d'embaucher à la fois sa femme et son fils. Tous devront donc être licenciés d'ici le 15 décembre, sous peine de trois ans de prison et 45 000 euros d'amende.
Il ne devrait rien arriver, en revanche, à Michèle Tabarot (LR), qui a embauché son frère Philippe Tabarot. En effet, la nouvelle loi a exclu des incompatibilités les frères et sœurs, leurs conjoints, ou encore les neveux, qui pourront donc continuer de servir comme collaborateurs. Seule contrainte : ils doivent être déclarés comme tels au bureau de l’Assemblée et au déontologue. Reste une troisième catégorie : tous les collaborateurs qui ont un lien de famille avec un autre parlementaire que celui pour lequel ils travaillent. Eux aussi ont l’obligation de se faire connaître auprès du bureau de l’assemblée ou du Sénat. Pour autant, le Palais Bourbon était incapable, mercredi soir, d’en donner le nombre.