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Libération

Jean-Pierre Simon : «Les enjeux sont tels qu’on ne peut pas reculer.»

Jean-Pierre Simon, agriculteur condamné pour avoir aidé des manifestants anti-Cigéo
publié le 26 octobre 2017 à 20h06

Cette semaine, Jean-Pierre Simon, agriculteur près de Bure, a été condamné à deux mois de prison avec sursis par le tribunal de Bar-le-Duc. On lui reproche d'avoir prêté, en 2016, un tracteur et sa remorque lors d'une manifestation organisée dans le bois Lejuc, sur un terrain appartenant à l'Agence nationale pour la gestion des déchets nucléaires (Andra). Une propriété que contestaient justement les militants contre le projet de centre d'enfouissement de déchets nucléaires de Bure (Meuse), appelé Cigéo. «Nous sommes dans une région d'élevage et de polyculture. Sur une ferme, on n'a jamais tout le matériel qu'il faut. L'entraide et le prêt de matériel, le fait de mettre à disposition un tracteur, même hors du champ agricole, c'est fréquent. C'est donc tout naturellement que j'ai mis mon tracteur à disposition. […] Le 16 juin, mon tracteur et ma bétaillère ont permis d'emmener du matériel et des gens dans le bois Lejuc pour un pique-nique. L'idée était de voir ce qui se passait dans cette forêt où ils étaient en train de défricher et de forer sans autorisation. L'occupation du bois a ensuite duré plusieurs jours, le tracteur avait été mis en lisière de bois. Il n'obstruait pas l'entrée du bois, et était placé à côté de barricades. Le jour de l'expulsion, il avait été placé sur un autre terrain privé, plus du tout dans l'enceinte du bois Lejuc. De toute façon, à cette époque-là, je n'avais pas l'impression d'être sur la propriété de l'Andra mais sur celle de la commune de Mandres-en-Barrois. Il y a des actions juridiques en cours sur ce point», détaille dans un long entretien à Libération l'agriculteur de 57 ans, membre de la Confédération paysanne.

Selon lui, sa condamnation pour un geste de solidarité est une première. «Que ce soit à Notre-Dame-des-Landes ou ailleurs, il n'y a jamais eu de tel cas au niveau juridique», souligne Jean-Pierre Simon. S'il ignore encore s'il fera appel de sa condamnation, il considère toutefois que «les enjeux sont tels qu'on ne peut pas se reculer. Je ne vais pas me désengager de la lutte du jour au lendemain. Car le but de Cigéo c'est non seulement de s'installer dans la Meuse, mais aussi d'en faire un concept et de le vendre ailleurs».