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Libération

Fac : le ministère fait sa sélection

publié le 29 octobre 2017 à 20h56

En présentant ce lundi sa réforme de l'accès à l'enseignement supérieur, le gouvernement espère effacer une fois pour toutes l'effet désastreux du tirage au sort pratiqué depuis quelques années dans les filières les plus demandées. Mais plus que de déplorer le recours à cet expédient, Emmanuel Macron avait alors préféré dénoncer les causes de l'embouteillage. «Nous ferons en sorte que l'on arrête de faire croire à tout le monde que l'université est la solution pour tout le monde», avait-il déclaré.

Derrière de tels propos, tant le syndicat étudiant Unef que celui des enseignants du supérieur Snesup-FSU ont vu la possibilité d'une sélection à l'entrée en fac. Un casus belli. Même rebaptisée «prérequis», la sélection reste une matière inflammable.

Aussi, dans la réforme qu'elle présente ce matin et que le Parisien a révélée dans son édition de dimanche, la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, tente de contourner la difficulté. Dans ce nouveau dispositif, les établissements pourront choisir leurs étudiants, ce qui ressemble bien à une forme de sélection. Mais les recalés, auxquels la filière souhaitée en suggérerait une autre, pourront maintenir leur choix. Et après ? Soit les budgets permettent de créer les places nécessaires pour satisfaire les entêtés. Soit pas. Dans cette seconde hypothèse, budgétairement plus vraisemblable, «on s'oriente vers une sélection qui ne dit pas son nom», estime Hervé Cristofol, porte-parole du Snesup-FSU cité par le Parisien.

De plus, si les obstinés maintiennent leur choix malgré l’avis de leurs professeurs et celui de l’université, ils pourront se voir imposer une remise à niveau sous différentes formes : stages, cours en lignes, modules supplémentaires. Sur cette possibilité, les commentaires sont un peu moins négatifs. La Fage, fédération étudiante, y voit une potentielle année utile, surtout si elle peut contenir des modules de la filière visée. Mais le flou sur les moyens et méthodes de cette innovation n’est pas près de mettre fin au débat.