En France, moins de 40% des étudiants entrant à l'université valident leur licence au bout de quatre ans. Si ce chiffre ne prend pas en compte les étudiants des grandes écoles, qui ont une place prépondérante en France comparé à d'autres Etats européens, le pays fait partie des mauvais élèves. Au Royaume-Uni, au Danemark ou en Autriche, le taux de complétion de la licence par les étudiants admis dépasse ainsi, parfois allègrement, les 75%. Un écart considérable que le gouvernement Philippe voudrait bien rétrécir grâce à une série de mesures présentées ce lundi matin et destinées à supprimer le tirage au sort dans les filières les plus demandées et réduire l'échec en première année de fac. Parmi celles-ci, notamment, la mise en place d'une formation obligatoire à suivre pour les bacheliers les plus fragiles. Des mesures spécifiques au contexte français. Ces problématiques d'admission à l'université varient en effet d'un pays à l'autre, et chaque pays a ses caractéristiques propres, malgré leur adhésion à une politique commune concernant l'enseignement supérieur avec le processus de Bologne. Passage en revue des différents modèles d'accès à l'université de nos voisins européens.
Un système de sélection au Royaume-Uni, en Irlande ou en Espagne
Au Royaume-Uni, un système similaire à Admission post-bac (APB), l'Ucas (Universities and Colleges Admissions Service) centralise les vœux des étudiants, qui ont cinq choix maximum. Mais ici, pas d'algorithme : les universités font ensuite leur sélection après examen du dossier scolaire et d'une lettre de motivation, le «personal statement». Certaines universités peuvent également demander une lettre de recommandation, voire un entretien.
Une plateforme de centralisation des vœux des futurs étudiants existe aussi en Irlande, le Central Applications Office (CAO) avec un fonctionnement encore différent. Le CAO attribue des points à chaque élève, en fonction de leurs résultats au Leaving Certificate. Cet examen de fin de secondaire laisse les élèves choisir au moins six matières sur lesquelles ils seront évalués, soit une première façon d'établir des profils. Les universités procèdent ensuite à une sélection de leurs futurs étudiants en fonction de leurs filières, sur la base des points donnés par le CAO. Un dispositif similaire, via un système centralisant les vœux des élèves et une sélection basée sur les résultats à l'examen terminal, existe aussi au Danemark.
En Espagne, une sélection par les universités s'opère sur la base d'une note sur dix cumulant les résultats des étudiants au baccalauréat et à la selectividad, une épreuve d'accès à l'université. S'il faut un minimum de 5/10 pour accéder à l'enseignement supérieur, certaines filières, comme les études de médecine ou d'ingénierie, exigent des notes très élevées à cause de leur attractivité. Les étudiants peuvent donc passer des «épreuves facultatives de compétences spécifiques» pour augmenter cette note globale. Ainsi, pour entrer à l'université de Madrid en médecine par exemple, la note globale minimum requise dépasse généralement le 10/10 ! Les universités peuvent également demander une pondération des notes de la selectividad qui correspond à la filière demandée, et ainsi mieux sélectionner les profils des étudiants.
Une orientation en amont qui influe sur la sélection en Allemagne ou en Suède
Une sélection au mérite un peu similaire a lieu en Allemagne, notamment à cause d'un afflux d'étudiants ces dernières années. Le principal critère retenu par les universités reste ainsi la moyenne générale obtenue à l'Abitür, l'équivalent du baccalauréat. L'établissement prend donc les meilleurs dossiers à disposition, et communique chaque année à titre indicatif un numerus clausus, soit la note obtenue par le dernier candidat admis. Seulement, contrairement à la France, le bac allemand généraliste est unique – il n'y a pas de filière L, ES ou S – et seule la moitié des élèves d'une génération le passe. Les autres optent plus tôt dans leur scolarité pour des formations en alternance : l'orientation s'est ainsi effectuée bien en amont. Dans certaines filières «post-Abitür» très demandées, telles que la médecine ou la pharmacie, les écoles peuvent fixer une procédure d'admission stricte. Elles demandent souvent une expérience professionnelle en stage et peuvent parfois faire passer des entretiens ou des tests d'entrée.
En Suède, une sélection s’opère aussi, seulement il n’existe plus d’équivalent du baccalauréat dans le pays, mais seulement un contrôle continu sur la dernière année. La validation de différentes matières au cours de l’enseignement secondaire influe donc sur l’admission future dans les établissements d’enseignement supérieur.
En Italie ou en Belgique, des systèmes très ouverts avec des spécificités
En Belgique, on ne trouve aucune sélection à l’entrée des universités après obtention d’un diplôme de l’enseignement secondaire. Les études de médecine dans certaines facultés font parfois exception en raison de leur attractivité : si le quota de 30% de demandes d’inscription d’étudiants non résidents est dépassé, l’université peut avoir recours à un tirage au sort.
Le système est très ouvert également en Italie, l'obtention de l'estame di stato (équivalent du bac) permettant d'accéder à un grand nombre d'universités. Cependant, certaines d'entre elles pratiquent de plus en plus une sélection à l'entrée par le biais de tests. Ceux-ci ne sont pas éliminatoires, mais des avis défavorables peuvent donner lieu à un enseignement de remise à niveau. Une caractéristique qui ressemble au «parcours pédagogique spécifique» – sauf que celui-ci sera proposé sur examen de dossier – que prévoit le gouvernement d'Edouard Philippe dans les mesures présentées ce lundi.