«La réforme est courageuse. On n’est peut-être pas allés jusqu’au bout, mais de grands pas ont été franchis. On va entendre quelques associations et syndicats étudiants dire qu’il y a sélection, mais la vraie sélection, c’était celle par l’échec et le tirage au sort. Là, une place est assurée à tout étudiant, avec des conditions, mais des conditions qui vont leur permettre de réussir. De ce point de vue, c’est très bien.
«Les moyens ont été promis, j'espère qu'on aura une meilleure idée de leur répartition. Par exemple, les 450 millions du grand plan d'investissement fonctionnent par appel à projets donc j'ai des interrogations [sur leur allocation ndlr]. Les 500 millions d'euros promis, c'est bien, on sera vigilants sur la manière dont ce sera réparti.
«On se pose également des questions sur la mise en œuvre de cette réforme. On est évidemment prêts à se mobiliser pour améliorer la réussite, mais il va falloir savoir comment on va mettre tout cela en application. On va être sous pression pendant quelques mois. J’ignore encore comment on va organiser les modules complémentaires. A l’université de Lille, notre offre de formation est déjà modularisée, mais il va y avoir un gros travail à faire de ce côté-là. On demande beaucoup à nos collègues. Il est prévu - dans les 500 millions d’euros - des encouragements à ceux qui vont s’investir dans cette mise en œuvre : ça n’est pas qu’on pense à l’argent tout le temps, mais on est déjà très sollicités, donc ce serait bien qu’il puisse y avoir une reconnaissance rapide du travail qui va être mené.
«Il va falloir qu’on priorise ce qui doit être fait assez vite : la remédiation (le "oui si") doit être travaillée en priorité. La construction de la cartographie des formations doit aussi être organisée. Cela a été fait en master et ça a été une tâche un peu complexe.
«On dit depuis tellement longtemps que le plan de réussite en licence qui était basé sur trois ans était absurde… C’est très bien de sortir du principe de "la licence en trois ans". Il faut prendre en compte le rythme des étudiants, s’il est salarié en parallèle par exemple, et pas seulement leurs aptitudes. Cela permet aussi de prendre en compte les étudiants qui réussissent vite. Il faudra qu’on travaille sur ce changement d’état d’esprit, dans la mesure où il faudra que l’étudiant soit encadré : il ne peut décider de sa formation tout seul.
«On est là pour former les étudiants et les conseiller, mais cela va demander encore un investissement assez lourd, avec les directeurs d’études, etc. Il faudra qu’on puisse reconnaître ce travail de l’enseignant ou de l’enseignant-chercheur. Mais l’idée est bonne.»