Ce jeudi matin, les cernes de Fettah Malki sont plus prononcées. Recroquevillé dans un survêtement du Real Madrid, il attend nerveusement que le président de la cour d'assises spéciale lui donne une dernière fois la parole. En se dressant, il chancelle : «Je veux dire que je pense aux familles des victimes. J'ai entendu leur douleur. Je communique et je compatis avec elles. J'ai entendu les témoignages qui m'ont ému et qui m'ont touché. Je suis désolé de ce que j'ai pu faire.»
Accusé d'avoir fourni un pistolet-mitrailleur et un gilet pare-balles à Mohammed Merah, il risque vingt ans de prison. Durant ce procès, il ne fut pourtant presque jamais question de lui. Fettah Malki en a souffert, et tient enfin l'occasion de le dire : «Je n'aurais jamais pu penser, imaginer que Mohammed allait commettre de tels actes. Je m'en voudrai tout le temps et pour le restant de mes jours. A aucun moment et pour tout l'or du monde, je n'aurais pu le faire, ça m'a horrifié.»
Cette fois-ci, les larmes montent. Maladroit, Malki utilise souvent le mot «truc» pour qualifier les tueries de Mohammed Merah. Il ajoute: «On a pu dire que je n'avais aucune émotion, mais quand je pense à tout cela, je souffre au plus profond de moi. On m'a pris pour un terroriste. Mon cœur pleure ces victimes. Il pleure ma famille. […] Je demande pardon et ce pardon est sincère.»
Le président appelle Abdelkader Merah, qui encourt la perpétuité pour complicité des tueries perpétrées en 2012 par son cadet. Impassible, comme à son habitude, il saisit le micro :
- «Je n'ai rien à voir avec les assassinats commis par mon frère.»
- «C'est tout ce que vous avez à dire ?» essaie le président de la cour, Franck Zientara.
- «C'est tout ce que j'ai à dire.»