Retrouvez régulièrement dans cette chronique l'actualité de l'alimentation en France et dans le monde.
Jeudi à Bruxelles, les représentants des Etats membres de l'UE ne sont, une nouvelle fois, pas parvenus à s'accorder lors d'un vote sur le renouvellement (ou non) de la licence autorisant le glyphosate, l'herbicide composant le controversé Round Up de l'américain Monsanto, pour cinq ans. Le 21 septembre, le ministre français de l'Agriculture Stéphane Travert s'était dit favorable à une prolongation d'utilisation de cette même durée. Las, depuis, le gouvernement s'est positionné pour une durée de quatre ans, alors que Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, défend pour sa part une prolongation de trois ans. Neuf pays, dont la France, ont voté contre la prolongation de cinq ans. Sans être grand clerc, on peut avancer que l'Elysée a tranché en faveur de Hulot contre Travert.
Le 20 septembre, le ministre de l'Agriculture annonçait que «l'Etat [allait] cesser à partir de 2018 de verser des aides au maintien» des agriculteurs bio «pour se recentrer sur les aides à la conversion» destinées à encourager des vocations. Les aides au maintien, versées après les trois premières années d'activité, sont, elles, destinées à stabiliser et à pérenniser une jeune exploitation bio. «C'est au marché de soutenir le maintien de l'agriculture biologique car la demande est là», avait argumenté Stéphane Travert. Las (bis), ce jeudi, les députés ont prorogé en commission «l'aide au maintien» jusqu'en 2019 pour les exploitations bio qui ne sont plus en conversion. Ce vote a opposé l'auteur de l'amendement, Eric Alauzet (ex-écologiste, désormais LREM), au rapporteur général Joël Giraud (ex-PRG, également LREM), défavorable à cette prolongation. Reste maintenant à ce que l'amendement soit revoté en séance.
«Choix absurdes»
Là encore, difficile de ne pas voir un arbitrage d'Emmanuel Macron en défaveur de son ministre de l'Agriculture. Difficile aussi de ne pas repenser aux déclarations du chef de l'Etat à Rungis, lors de son discours des états généraux de l'alimentation. Le Président y avait dénoncé «les choix absurdes en matière de qualité alimentaire qui ont été protégés jusqu'ici et ne correspondent plus à nos goûts et nos besoins. Il y a des modèles productifs dans lesquels il n'y a pas d'avenir. Il faut que cela cesse». Et de déclarer qu'«il faut valoriser les indications géographiques, le label rouge, le bio, favoriser le bien-être animal, moderniser les abattoirs, renforcer l'étiquetage sur l'origine des produits transformés».
Emmanuel Macron avait même avancé que «l'Etat est prêt à s'engager financièrement pour accompagner ces mutations, filière par filière». Le soutien à la production bio fait visiblement partie des desiderata élyséens. N'en déplaise au ministre de l'Agriculture, une nouvelle fois désavoué.