«Passer mon bac, ça a toujours été un rêve. En Haïti, d’où je suis originaire, j’ai arrêté l’école en cinquième. J’ai travaillé dans le bâtiment, j’ai eu des petits jobs. Je suis arrivé ensuite en France, je me suis marié, j’ai eu deux filles. Maintenant, elles étudient, l’une la gestion, l’autre pour devenir infirmière. Avant d’arriver au lycée municipal des adultes, j’ai pris des petits cours, de français, d’anglais, d’informatique, j’ai passé le brevet avec les cours municipaux. Avoir le bac serait une fierté. Dans ma famille presque tout le monde l’a.
«Il faut faire des sacrifices, d’autant que j’habite à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) : je me lève à 5 heures, je vais en cours à 17 heures, et je ne peux pas me permettre de ne pas travailler. Ma famille ne me voit plus, mais elle me soutient. Le reste de mon entourage n’est pas trop au courant, c’est une démarche personnelle.
«Je ne sais pas où ça va m’emmener, si je vais trouver des débouchés. J’aimerais suivre des cours du soir à l’université. J’aime le droit, les sciences politiques, la philosophie et les langues. Je n’aime pas les maths, car je ne suis pas bon. Je m’intéresse beaucoup plus maintenant que je comprends mieux les débats politiques et économiques.»