La nouvelle risque d'inquiéter les quelque 32 000 salariés d'Alstom Transport, en passe d'être rachetés par Siemens : bien que largement bénéficiaire, le géant industriel allemand vient de confirmer ce jeudi une vague de 6 900 suppressions de postes dans sa division énergie, Siemens Power & Gas, aujourd'hui en crise. Le PDG de Siemens, Joe Kaeser, a annoncé ces «coupes douloureuses», une semaine à peine après d'excellents résultats financiers. Mais il a justifié ce nouveau plan de restructuration par le fait que «le secteur de la génération d'énergie subit un changement d'une ampleur et d'une vitesse inégalée». Un autre conglomérat, General Electric (GE), s'apprête d'ailleurs lui aussi à se séparer de milliers d'employés, pour les mêmes raisons, dans le cadre d'un plan de restructuration qui ne devrait pas épargner l'ancienne branche énergétique d'Alstom rachetée pour sa part en 2015 par le géant américain.
La «Dynamowerk» à Berlin menacée
Siemens, qui fabrique des centrales à gaz et à charbon, mais aussi des éoliennes, est aujourd’hui effectivement frappé de plein fouet par la chute des prix de l’électricité de gros et l’effondrement des commandes de turbines à gaz sur fond de transition rapide en faveur des énergies renouvelables. Mais le conglomérat, qui compte toujours plus de 351 000 salariés, s’est surtout lancé dans une quête sans fin d’économies sur sa masse salariale. Début novembre, il avait déjà annoncé la suppression de 6 000 emplois dans sa coentreprise Siemens-Gamesa, pourtant leader mondial des éoliennes. Et le géant avait déjà sacrifié 15 000 postes dans ses rangs en 2013, dont un tiers en Allemagne, pour se recentrer sur les énergies renouvelables après l’arrêt du nucléaire.
Là encore, ce sont les salariés allemands qui devraient subir de plein fouet l'impact social de ces 6 900 nouvelles suppressions de postes : tout un symbole, la fameuse «Dynamowerk» de Berlin, d'où est partie l'aventure Siemens au début du XXe siècle et qui reste aujourd'hui la plus importante usine du groupe avec 11 000 salariés, serait notamment menacée. D'autres sites en ex-RDA sont également dans le viseur, ce qui inquiète au moment où le chômage dans les Lander orientaux est déjà un terreau fertile pour le parti d'extrême droite AfD qui vient de faire une percée au Parlement. Le grand syndicat allemand IG Metall a ainsi qualifié «d'irresponsable» la décision de Siemens de mettre à la porte des milliers de personnes dans ce contexte politique tendu. Lors d'un comité d'entreprise ce jeudi matin, Joe Kaeser a répondu à ces inquiétudes en promettant de limiter au maximum les licenciements secs et de favoriser les reclassements pour «atténuer le coup».