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Libération

Christophe Ferrari, maire de Pont-de-Claix (Isère) «Chaque jour, nous devons assumer la colère des habitants»

publié le 22 novembre 2017 à 20h26

Pour Christophe Ferrari, tout avait «bien commencé avec la conférence des territoires». Promesse électorale du candidat Macron, ce tour de table réunissant l'Etat et les collectivités au sujet des réformes à venir s'est tenu pour la première fois au Sénat le 17 juillet. Mais depuis, le maire PS du Pont-de-Claix (Isère), également président de Grenoble Métropole, dénonce un «problème de confiance».

«Il faudrait considérer que nous sommes des acteurs majeurs du redressement, et non une des difficultés de ce redressement», estime l'élu, qui dirige depuis 2008 cette ville de 11 000 habitants. La commune, connue pour son site chimique classé Seveso, accueille 30 % de logements sociaux et compte parmi les plus faibles revenus de l'agglomération. Ses habitants sont en majorité de petits employés, des ouvriers et des retraités des industries environnantes. Une «population fragilisée», dont «les difficultés de la vie quotidienne» font l'objet d'une «attention forte» de la municipalité, explique Christophe Ferrari : «Chez nous, il n'y a pas de file d'attente pour la crèche et la halte-garderie, c'est essentiel. Et on met le paquet sur les politiques éducatives.» La mairie débourse 360 euros par enfant et par an pour les fournitures à l'école, le périscolaire, les activités culturelles… contre 140 euros en moyenne dans le bassin grenoblois. Mais la baisse des dotations de l'Etat (- 1,6 million d'euros entre 2010 et 2017 au Pont-de-Claix) oblige la ville à raboter ses budgets. Le gymnase est désormais chauffé à 16°C et les écoles «plutôt à 19°C qu'à 21°C», détaille l'édile. Les subventions aux associations ont été épargnées «car on compte sur elles pour l'encadrement des jeunes», mais les prestations du périscolaire ont été réduites.

A la municipalité, les départs à la retraite ne sont plus remplacés. L'aide d'urgence a été budgétée à près de 90 000 euros pour 2018, contre 70 000 cette année : «La détresse sociale n'arrête pas d'augmenter. Chaque jour, nous devons assumer la colère des habitants, relate Ferrari. Le gouvernement est très loin de tout ça.» Le maire déplore l'absence de garantie sur l'évolution des dotations après 2018. Une situation «intenable» : «C'est de plus en plus difficile d'être élu local. Or c'est nous qui participons pour beaucoup à l'équilibre de la société.»