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Libération
EDITO

Astre

publié le 23 novembre 2017 à 20h26

Comme jadis l’orléanisme, le légitimisme ou le radicalisme de Clemenceau, le socialisme français a-t-il fait son temps ? Son message, son programme, ses valeurs ont-ils épuisé leur rôle, vécu leur vie glorieuse et faillible, tel un astre mort dont on perçoit encore la lumière mais qui a cessé de briller ? Bien péremptoire est celui qui peut l’assurer. Comme le reste de la social-démocratie européenne, bousculée par la mondialisation, éclipsée par la montée redoutable des populismes identitaires et par la domination idéologique du libéralisme sur les élites et une partie des classes moyennes, le PS subit une crise décisive.

Pour autant, les maux qui ont suscité son apparition et son action, on le voit chaque jour, sont toujours à l’œuvre : l’injustice sociale, la discrimination, les atteintes à la liberté, les humiliations de classe, la maîtrise nécessaire du développement économique et de la technologie. Pour autant, la nécessité de la réforme, l’urgence d’une action concrète en faveur des plus défavorisés, ici et maintenant, et non dans le ciel des utopies de la radicalité, reste brûlante. Autrement dit, en termes plus triviaux, il existe, entre Macron et Mélenchon, un espace politique béant pour une gauche de gouvernement qui conjugue audace et réalisme. Encore faut-il savoir l’occuper. Affaibli, sonné, aphone, incarné par un comité Théodule invisible et pléthorique, le PS n’est pas, à ce jour, en état de le faire. Le sera-t-il au terme du prochain congrès, prévu en avril ? S’il rejoue la pièce cent fois représentée du choc des ego et des écuries, il n’a aucune chance d’y parvenir. Non que les impétrants possibles soient transparents ou défaillants. Mais ils ne pourront retrouver une place dans le débat public que sur la base d’un renouveau doctrinal et organisationnel. Avant de savoir qui va parler, il faut avoir quelque chose à dire.