C'est la trentième édition. Chaque année depuis 1988, le 1er décembre est décrété Journée mondiale contre le sida. Pour 2017, le thème retenu est «Ma santé, mes droits». «Dès le début, la riposte contre le sida s'est fondée sur le droit à la santé fondamental et le bien-être, souligne dans un communiqué le directeur de l'Onusida, Michel Sidibé. De trop nombreuses personnes, notamment les plus marginalisées et les plus affectées par le VIH, font toujours face à des défis concernant l'accès aux services sociaux et de santé. Nous devons tous continuer à nous épauler.»
Pour rappel, 21 millions de personnes vivant avec le VIH sont sous traitement. Les nouvelles infections, comme les décès liés au sida, sont en train de décliner dans de nombreuses parties du monde, mais les chiffres restent élevés, avec 1,8 million de contaminations par an et autour d'un million de morts. Et le continent africain concentre toujours la majeure partie des nouveaux cas : en moyenne deux infections sur trois. «Nous ne devons pas nous satisfaire de ce résultat, insiste Michel Sidibé. En Europe de l'Est et en Asie centrale, les nouvelles infections ont augmenté de 60 % depuis 2010, et les décès liés au sida de 27 %. En outre, l'Afrique centrale ou de l'Ouest est toujours laissée de côté : deux personnes sur trois n'ont pas accès au traitement.»
En France, la situation est paradoxale. Alors que le système de soins fonctionne plutôt bien, la prévention reste médiocre, en tout cas peu efficace, comme l'ont encore montré les derniers chiffres rendus publics dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'agence Santé publique France. Tous les ans, on dépiste ainsi 6 000 contaminations, et cela ne baisse pas. En tout, plus de 25 000 personnes en France ignorent qu'elles sont séropositives. «On a beau triturer les chiffres dans tous les sens, les dernières données actualisées sur l'infection au VIH en France restent une mauvaise nouvelle», lâche le professeur Gilles Pialoux. Chef de service à l'hôpital Tenon à Paris, il pointe un défaut dans nos politiques : «La France est l'une des championnes d'Europe du dépistage, mais surtout du dépistage des séronégatifs.» Dans ce contexte, le ministère de la Santé va lancer une nouvelle campagne qui «vise à mieux faire connaître les différents modes de dépistage disponibles». Cela sera-t-il suffisant ? «Il va falloir innover, mais surtout changer d'échelle, arrêter de banaliser le test pour tous et, au contraire, réserver nos ressources à ceux et celles auxquels elles sont utiles», insiste Gilles Pialoux. On en est encore loin.