Avis de turbulences pour le vaccin contre la dengue de Sanofi. Alors qu’il avait été salué en 2016 comme une avancée, le groupe pharmaceutique vient de déconseiller l’utilisation du Dengvaxia dans certaines conditions, et les Philippines ont arrêté leur campagne, annonçant lundi l’ouverture d’une enquête sur la vaccination de plus de 730 000 enfants. Une ONG philippine, les Volontaires contre le crime et la corruption, dit avoir été informée de la mort, sur l’île de Luzon, de trois enfants vaccinés contre la dengue en avril 2016. Sanofi dément.
La dengue - que l’on appelait avant la grippe tropicale - est une infection virale, endémique dans la plupart des pays tropicaux. D’ordinaire, elle n’est pas gravissime, provoquant fièvre, maux de tête, douleurs musculaires et articulaires, fatigues et nausées. Et la guérison survient généralement en une semaine. Mais il existe des formes hémorragiques qui se sont beaucoup multipliées ces dernières années, pouvant entraîner des syndromes de choc, voire un décès.
En 2016, Sanofi triomphait lors de la commercialisation de son vaccin. Près de 20 pays lui ont donné une autorisation de mise sur le marché. Avec la bénédiction de l’OMS.
Un an plus tard, c'est la déconvenue commerciale : l'objectif de vendre 100 millions de doses par an a été revu à la baisse, car il s'en vendrait dix fois moins et le stock d'invendus atteindrait 400 millions de doses. Pire, la semaine dernière, une étude de Sanofi a conclu que «si le Dengvaxia apporte un effet protecteur persistant contre la dengue aux individus déjà infectés par le passé, pour les autres, après la vaccination, davantage de cas sévères de dengue pourraient être observés en cas d'exposition au virus». Alors que l'OMS vient de recommander qu'il ne soit administré qu'aux personnes «déjà infectées», son groupe d'experts sur les vaccins doit se réunir dans quinze jours pour décider de son maintien ou de sa suspension.