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Libération

Les décrocheurs scolaires commencent à raccrocher les wagons

publié le 8 décembre 2017 à 19h36

En éducation, il est rare qu’une étude apporte de bonnes nouvelles. En voilà une : les politiques menées ces dernières années pour lutter contre le décrochage scolaire portent leurs fruits. Le nombre de jeunes qui quittent l’école sans qualification a nettement reculé ces dernières années en France.

Nous sommes passés de 140 000 élèves sortis sans qualification en 2012 à 100 000 aujourd'hui, et ce chiffre devrait continuer à baisser si les efforts sont maintenus, estime le Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco), instance indépendante chargée d'évaluer les politiques éducatives. Pour sa présidente, la sociologue Nathalie Mons, ce résultat s'explique d'abord par «la continuité» dans l'action politique depuis 2008, «pour une fois, loin de tout débat idéologique stérile qui prend l'école pour otage».

Il y a néanmoins des marges de progression, poursuit le Conseil national d'évaluation du système scolaire, notamment dans la prévention. Jusqu'ici, l'action des pouvoirs publics a visé… ceux qui ont déjà décroché (école de la deuxième chance, microlycée, etc.). Le Cnesco préconise d'agir aussi en amont. «Le décrochage est un processus très long, qui peut commencer dès le primaire, explique Pierre-Yves Bernard, de l'université de Nantes. Les parcours sont très divers, mais il existe des traits communs.» Un enfant venant d'une famille défavorisée risque ainsi trois fois plus de sortir de l'école sans diplôme.

Et plus la mixité sociale de l'établissement est faible, plus le risque de décrocher augmente. Autre signe avant-coureur : l'absentéisme à répétition. «Avant de décrocher complètement, un élève commence par être absent», poursuit l'universitaire, maître de conférences en sciences de l'éducation.

Pour prévenir l’absentéisme, des expérimentations existent déjà. A Montreuil, en Seine-Saint-Denis, les élèves qui sont sanctionnés par une exclusion temporaire sont ainsi «invités» à participer à des actions avec des «associations, comme les Restos du cœur.

Nathalie Mons applaudit :«On sait trop bien que l'exclusion, même temporaire, est une pierre sur le chemin du décrochage.»