Ils seront l'une des grandes nouveautés du processus d'orientation des futurs bacheliers : les «attendus», la liste des compétences et capacités qui seront mobilisées dans les licences générales à l'université, ont été publiés par la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, mardi, jour du lancement des débats parlementaires sur la réforme de l'accès à l'enseignement supérieur. Pour chacun des vœux que les lycéens formuleront sur la nouvelle plateforme Parcoursup, qui remplace APB, les universités pourront accepter de manière ferme ou conditionnelle l'inscription du futur étudiant. Si la filière est déclarée «en tension», les établissements pourront aller jusqu'à refuser d'attribuer une place si les chances de réussite sont jugées trop faibles. C'est le but de la mise en place de ces «attendus», auparavant dénommés «prérequis» : permettre aux lycéens de savoir sur quoi ne pas faire l'impasse, et éclairer les professeurs de terminale. Or le texte publié est peu clair, s'inquiètent plusieurs acteurs du monde lycéen et universitaire. Michel Lussault, ancien président du Conseil supérieur des programmes, s'est ému dans un tweet : «Les attendus, pour toutes les licences, sont tellement génériques que soit on les respecte et personne ne les possède, soit on ne les respecte pas et ils ne servent à rien. Je crois que cela montre l'impasse dans laquelle on s'est engagé.»
C'est en effet aux universités de préciser, pour chacune de leurs filières, le cadrage national. Elles pourront faire varier le poids de chaque indicateur (bulletin de notes, preuves d'un engagement dans une association, lettre de motivation…) dans leur évaluation de chaque dossier, et devront indiquer sur la plateforme Parcoursup quels sont les critères retenus. Même la Fage, syndicat lycéen favorable à la réforme, s'est inquiétée dans le Monde d'un «cadrage non restrictif [qui] donne beaucoup de latitude aux universités au risque d'une définition locale polarisée et très inégale en fonction des établissements» .