Le mercato bruxellois a déjà commencé. Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, est certes en poste jusqu’en novembre 2019 mais son remplacement va se jouer dès l’année prochaine, puisque le Luxembourgeois a annoncé dès son élection qu’il ne ferait qu’un mandat.
Pour savoir qui a des chances de lui succéder, il faut se rappeler que la procédure de nomination n'est plus entre les mains des chefs d'Etat et de gouvernement. En 2014, le Parlement européen a imposé que ce soit la tête de liste du parti européen arrivé en tête lors des élections qui préside la Commission : Juncker, tête de liste des conservateurs du PPE, a ainsi gagné son fauteuil au 13e étage du Berlaymont, le bâtiment de l'exécutif européen à Bruxelles. Si Macron ne cache pas son hostilité à ce système, il devra se faire une raison, sauf à prendre le risque de voir les eurodéputés refuser de confirmer tous les candidats que le Conseil européen proposerait.
Surtout, l’un des pères de cette avancée démocratique, Martin Schulz, l’ex-président social-démocrate du Parlement (2012-2017), pourrait bien devenir le prochain vice-chancelier d’Allemagne… A partir de là, il faut s’intéresser aux têtes de liste probables des grandes familles politiques européennes susceptibles de gagner les élections de mai 2019. Les conservateurs du PPE étant bien partis pour arriver une nouvelle fois devant des socialistes en pleine capilotade et des libéraux qui n’ont jamais été qu’une force d’appoint, c’est la future tête de liste du PPE qui devrait devenir - sauf surprise - président de la Commission. Et, là, on risque bien de voir ressurgir l’insubmersible Michel Barnier. Parce que Juncker en a quasiment fait son dauphin en le chargeant de négocier le Brexit et s’il réussit à mener la difficile négociation avec Londres à son terme, personne ne pourra faire obstacle à sa candidature pour mener la liste du PPE. L’épisode de 2014 ne se reproduira pas : Merkel, opposée à sa nomination, lui avait alors mis Juncker dans les pieds, avec la complicité des conservateurs espagnols. Un Barnier président de la Commission ferait les affaires de Macron qui veut un Français à la tête de l’exécutif communautaire mais sait que cela ne sera pas une personnalité LREM, puisque ce parti n’appartient à aucune famille politique. Cela ne peut donc être qu’un conservateur Macron-compatible, acceptable par les Allemands : le profil de Barnier.