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Congrès

Le Modem et LREM se lancent des fleurs, Bayrou veut voir «une maison commune» éclore

Réélu samedi à la tête de son mouvement devant une partie du gouvernement, le maire de Pau a annoncé vouloir travailler à un projet commun avec LREM en vue des européennes de 2019. Projet qui pourrait attirer d'autres centristes esseulés.
Edouard Philippe et Français Bayrou, à Paris samedi. (Photo Philippe Lopez. AFP)
publié le 17 décembre 2017 à 11h17

Ne surtout pas demander à François Bayrou, réélu à la tête de la présidence du Modem lors du premier jour du congrès de son parti samedi matin à Paris, à quoi servent les 47 députés de sa formation face aux 313 députés LREM dont bénéficient le président de la République et son gouvernement. La question a le don de l'agacer. «Cette majorité est la plus cohérente de celles qui se sont succédé depuis vingt ans, avec des sensibilités différentes mais en harmonie, en dialogue avec nous», assure le leader centriste. Pour mieux l'affirmer, pas moins de trois ministres ont pris la parole devant les militants du Modem : Julien Denormandie, le secrétaire d'Etat auprès du ministre chargé de la Cohésion des territoires, Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale, et le premier d'entre eux, Edouard Philippe. Sans compter le chef de La République en marche, Christophe Castaner.

«Il demeure un peu de stabilité»

Tous ont multiplié les déclarations d'amitiés, de cohésion et de considération à l'égard du deuxième pilier de la majorité présidentielle et de son chef. «Il demeure dans le monde politique français tel qu'il est aujourd'hui un peu de stabilité», a constaté le Premier ministre, rendant hommage à celui qui, en 2002, avait refusé de participer à la nouvelle Union pour la majorité présidentielle (UMP) en déclarant que «si nous pensons tous la même chose nous ne pensons plus rien».

«Tu as alors fait toute une série de choix politiques risqués. Tu as eu la prescience de la recomposition politique autour d'un axe central. Droite et gauche nous regardent comme une poule regarde un couteau ou comme le couteau regarde la poule. Droite et gauche se regardent le nombril en se demandant ce qui s'est passé. La gauche pense que les Français veulent plus de gauche et la droite qu'ils veulent davantage de droite. Qu'ils se posent longtemps la question. Pendant ce temps, nous avançons. C'est le plus beau cadeau qu'ils puissent nous faire», a ironisé le patron de la majorité présidentielle pour qui «le Modem est un partenaire exigeant en privé et solidaire en public. Ce qui vaut mieux que le contraire». «Votre invitation est importante. Elle marque ce que nous sommes et fait vivre les différentes tendances de la majorité présidentielle. Ce que tu proposais était dans l'ADN de ce que nous tentions de construire», avait déclaré un peu plus tôt dans l'après-midi Christophe Castaner.

«Horizon européen»

Derrière ces proclamations d'unité se profilent un enjeu et une exigence. L'enjeu, ce sont les prochaines élections européennes, qui auront lieu en 2019. Le premier test électoral d'envergure de la présidence Macron. Pour affronter ce qui pourrait être un écueil de taille pour le gouvernement, François Bayrou souhaite que «la majorité s'organise». Le maire de Pau évoque l'idée «d'une maison commune» au Modem et à LREM, une sorte de confédération, socle d'un possible élargissement de la majorité à d'autres centristes en rupture de ban avec le parti LR désormais présidé par Laurent Wauquiez. Cette maison commune pourrait ainsi servir de base à la constitution de listes élargies en vue des européennes. «L'horizon européen, c'est notre nouvelle urgence. Il faut que nous y travaillions en commun», a souligné Christophe Castaner. L'exigence posée par François Bayrou, c'est la mise en place d'un nouveau modèle social, «la recherche d'un équilibre nouveau dans sa conception et qui ne dépendrait pas uniquement de l'allocution publique». Une exigence qu'il devrait marteler à la fin du premier congrès du Modem de l'ère Macron.