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Libération
Libé des animaux

Fourrure : L214 lève le voile sur le sort des lapins

Viande : stop ou encore ?dossier
Comme à son habitude, c’est avec une vidéo choc que l’association entend mettre en cause l’industrie de la mode qui utilise de la fourrure de lapins élevés en cages.
Capture d’écran de la vidéo mise en ligne par L214.
publié le 19 décembre 2017 à 20h22

La vidéo intégrale dure neuf minutes. De longues, très longues minutes, durant lesquelles on voit des lapins gris ou blancs, parfois blessés, littéralement tourner en rond dans leurs cages exiguës. Visiblement laissés dans le noir, ces Orylag (une variété mise au point par l'Inra) essaient de ronger les barreaux. Quelques-uns gardent la tête perpétuellement penchée, d'autres sont morts avant qu'on ait le temps de les sortir de leurs clapiers pour les tuer. Leurs peaux doivent être, selon l'association qui a tourné les images, transformées en vêtements de luxe.

Une nouvelle fois, cette vidéo choc mise en ligne ce mardi dans une version plus courte par le média Brut, et destinée à dénoncer le commerce de la fourrure, est l'œuvre de l'association L214, qui milite pour le bien-être animal. Les images ont été tournées dans trois élevages et un abattoir du sud-ouest de la France entre septembre et novembre.

Selon l'AFP, la coopérative d'éleveurs incriminés s'est dite «très surprise» par ces accusations. Et l'Institut national de recherche agronomique (Inra), qui a développé cette race de lapins et détient une unité d'expérimentation, a promis de mener «une mission d'inspection interne sur site sous quarante-huit heures». Si besoin, elle garantit de «prendre les mesures correctives immédiates qui s'imposeraient». L'Inra, qui fournit encore la semence aux éleveurs, a prévu de cesser son activité à l'été 2018, les éleveurs devant construire leur propre centre d'insémination.

«Les conditions les plus confortables possibles»

Quant au président de la coopérative Orylag à Surgères (Charente-Maritime), Jean Boutteaud, il «s'est dit assez surpris […] de la façon dont L214 interprète les choses». Ce sont «des animaux qui ont une certaine sensibilité, qui sont assez fragiles et c'est pour cela qu'on leur met les conditions les plus confortables possibles pour limiter la mortalité et les maladies», s'est-il justifié auprès de l'AFP, ajoutant que «l'Orylag n'est pas un lapin de garenne, ni un animal de compagnie, […] il a des caractéristiques qui lui sont propres. On ne peut pas en effet le mettre dehors ou en extérieur. A partir d'un certain âge, il faut les mettre en cage individuelle sinon ils se battent». En attendant, L214 annonce avoir porté plainte pour mauvais traitement à Niort et La Rochelle contre deux élevages et contre l'Inra, selon son communiqué.

Si les lapins sont aussi utilisés pour leur viande, l’association vise trois marques en particulier : Dior, Fendi et Dolce & Gabbana, qui utiliseraient la fourrure de la filière filmée. Contacté par l’AFP, le groupe LVMH, qui détient Dior et Fendi, n’a pas souhaité faire de commentaires dans l’immédiat. Certaines marques de luxe ont récemment décidé de renoncer utiliser la fourrure animale dans leurs collections, comme Gucci, Michael Kors, Armani, Hugo Boss ou encore Stella McCartney.