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Libération

Irma Saint-Martin et Saint-Barth, îles soufflées

publié le 29 décembre 2017 à 19h36

En 2017, il fut donc possible d’alunir sur la planète Terre. Pour cela, il fallait embarquer dans un avion à hélices de l’armée française et se poser sur l’île caribéenne de Saint-Martin. A mesure que la piste approchait, le chaos affichait son visage de cire : habitations éventrées, catamarans projetés au milieu du cimetière, lumière crépusculaire.

Cette fois-ci, l’ouragan portait un nom de femme : Irma, bien plus sulfureuse que la douce aux bas verts de Billy Wilder. Selon certaines mesures, ses rafales ont atteint 420 km/h, du jamais-vu dans l’Atlantique Nord depuis le passage du cyclone Allen en 1980.

A Saint Martin, 85 % des maisons sont détruites, or le bilan humain est relativement clément : 11 morts. Dans l’île, où les pillages sévissent, la rumeur, empreinte d’anticolonialisme, se propage. Le gouvernement mentirait et la mer aurait emporté avec elle des familles entières.

Trois mois plus tard, les eaux n’ont recraché aucun cadavre mais les inégalités sociales, elles, ont la vie dure. Alors que les compagnies d’assurance américaines ont d’ores et déjà indemnisé les hôteliers métropolitains, il pleut toujours dans les salles à manger des ghettos caribéens.