Un retrait pour éteindre la polémique. Lundi, Rayan Nezzar, porte-parole de La République en marche de 27 ans, a démissionné de la fonction qu'il occupait depuis seulement cinq jours. En cause, la redécouverte, par le site Buzzfeed, de tweets injurieux : étudiant à Sciences-Po puis à l'ENA, il avait gratifié de noms d'oiseaux une journaliste et plusieurs personnalités politiques, dont Valérie Pécresse, Alain Juppé, Jean-François Copé ou Bruno Le Maire, entre 2011 et 2013. Même datés, ses commentaires lapidaires agrémentés de «pouffiasse», «va niquer ta mère», «fiotte» (etc.) faisaient désordre s'agissant du porte-parole d'un mouvement qui revendique la «bienveillance» en politique…
Aujourd'hui professeur d'économie à l'université Paris-Dauphine, Ryan Nezzar a plaidé la faute de jeunesse. Après la publication de l'article de Buzzfeed, il a supprimé environ 6 700 messages de son compte Twitter et présenté ses excuses, expliquant regretter avoir «tenu des propos irréfléchis» lorsqu'il était étudiant. Une défense activement soutenue par les huiles du parti macronien. Interrogée ce dimanche, la ministre du Travail, Murielle Pénicaud a ainsi tenté de relativiser le bug, arguant sur Europe 1 que «les discussions au bistrot, dans les universités ou dans les manifs […], ce n'était pas forcément mieux», avant de pointer l'inconscience des jeunes vis-à-vis des réseaux sociaux : «Je pense que beaucoup de jeunes qui ont 15 ou 18 ans aujourd'hui croient qu'ils sont dans une culture de l'immédiateté. Et quand ils chattent ou font un tweet, ils croient que c'est pour tout de suite et que ça n'a pas beaucoup de valeur.»
«Vocabulaire de jeune de Montreuil»
A ce stade, l'affaire aurait pu retomber dans l'oubli. Mais lundi, Christophe Castaner, ministre des Relations avec le Parlement et désormais délégué du parti macronien a usé d'un argument surprenant pour excuser Rayan Nezzar : «Ce qui m'agace, c'est qu'il a un parcours génial, rare en politique, du talent, et là son vocabulaire de jeune de Montreuil le rattrape», aurait-il, selon une journaliste de RTL, expliqué en parlant de Rayan Nezzar.
Ces propos rapportés n'ont pas manqué d'aviver la polémique. «M. Castaner, vous êtes vraiment un narvalow, vos propos sur les jeunes de Montreuil sont indignes, méprisants et la preuve d'une méconnaissance profonde de notre ville et de ses habitants», s'est récrié le maire PCF de Montreuil, Patrice Bessac. L'incendie menaçait de s'étendre au nouveau patron de LREM, lequel a réfuté avoir tenu de tels propos et contre-attaqué :
➡️ "Jeunes de #Montreuil" : @CCastaner dit n'avoir "jamais tenu ces mots là.
— Caroline Roux (@Caroline_Roux) January 9, 2018
On me prête des propos qui suscitent immédiatement l'emballement, y compris du maire. C'est révélateur de l'emballement médiatique !" #narvalow #Les4V @telematin pic.twitter.com/5BcaTvklHw
Exigence d’exemplarité
Pour LREM, l'urgence était dès lors de couper court. «Ces derniers jours, des tweets que j'ai publiés entre 2011 et 2013 lorsque j'étais étudiant à Sciences-Po ont suscité une vive polémique, mais aussi des déceptions», a écrit Ryan Nezzar dans un communiqué publié sur Twitter. «Afin de préserver notre mouvement, mais aussi mes proches, j'ai indiqué à Christophe Castaner ma décision de démissionner de mes fonctions. Je regrette de n'avoir pu montrer l'homme que je suis devenu par mon parcours, par mes valeurs et par mes engagements associatifs, politiques et sociaux.» Une démission que Castaner à cette fois approuvée des deux mains : «Nous avons cette exigence d'exemplarité, a fait valoir le délégué général de LREM. Il y a une violence sur les réseaux sociaux qui nous oblige, nous les responsables politiques, et ce qu'il a dit à ce moment-là l'empêchait de porter la parole de ce nouveau mouvement qu'est La République en marche.» Une prise de conscience quelque peu tardive…