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Libération
Éditorial

Alternatives

publié le 15 janvier 2018 à 20h36

Il faut écouter la plainte du maton, le soir, au fond du trou. Le métier de surveillant de prison, utile parce qu’inévitable, est un ingrat sacerdoce. Horaires extensibles, stress permanent, risques quotidiens, considération misérable, le tout pour une paie mince comme une vieille paillasse de cellule. On comprend, dans ces conditions, que le système carcéral ne soit pas le pays du maton calme. Effectifs, salaires, conditions de travail, formation, tout mérite d’être revu et amélioré, d’autant que la profession souffre d’une désertion générale qui oblige à un recrutement aux critères de plus en plus abaissés. Le gouvernement l’a compris, lui qui annonce un plan global : juste réaction si elle est suivie d’effets. Encore faut-il remonter à la principale source du mal, qui dépasse le cas extrême de la surveillance des condamnés pour terrorisme : la surpopulation carcérale endémique, qui porte atteinte à la dignité de tous, prisonniers et surveillants réunis. Contrairement à une idée répandue, la justice française ne se distingue pas par son laxisme. Le nombre des détenus a doublé en trente ans, le code pénal s’accroît chaque année de nouvelles incriminations, les comparutions immédiates suivies de peine d’incarcération se multiplient. Du coup, dans certaines prisons, le taux d’occupation des cellules dépasse les 200 %. Une telle concentration rend les tensions explosives. On prévoit un programme de construction de prisons qui paraît logique. Mais l’expérience montre que toute augmentation du nombre de places est suivie par un accroissement corrélatif du nombre de condamnations. En revanche, les mesures Taubira qui devaient développer les peines alternatives à la prison ne sont guère appliquées par les juges. Il y a là une piste moins coûteuse et plus humaine.