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Une cagnotte cachée pour la construction de Notre-Dame-des-Landes

Notre-Dame-des-Landes, l'aéroport enterrédossier
Depuis des années, les compagnies aériennes qui utilisent l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique paient une taxe en vue de la construction de la future plateforme. Qu'adviendra-t-il de ces près de 100 millions d'euros, si le projet est abandonné ?
Manifestation pro-aéroport, le 13 décembre à Paris. (Photo Bertrand Guay. AFP)
publié le 16 janvier 2018 à 7h11

Le sujet suscite beaucoup de silences embarrassés, aussi bien au sein de l'Etat que dans le monde du transport aérien français. Selon les informations réunies par Libération, depuis près de sept ans, une cagnotte est constituée en vue de la construction du très controversé aéroport de Notre-Dame-des-Landes, à proximité de la métropole de Nantes. Ce pactole a été alimenté par les compagnies aériennes qui utilisent l'actuelle plateforme aéroportuaire nantaise. Il atteindrait près de 100 millions d'euros. Un montant que se refuse à confirmer le ministère des Transports tout en reconnaissant l'existence d'un «préfinancement spécifique» pour Notre-Dame-des-Landes. Même absence de réaction pour le groupe de BTP Vinci qui exploite l'actuel aéroport de Nantes et a été retenu pour le futur.

Ce système, bien rodé a en été mis en place à partir de 2010 sous forme d’une augmentation des multiples taxes et redevances que paient les compagnies aériennes pour décoller et atterrir à Nantes-Atlantique, mais aussi pour y faire stationner leurs avions entre deux vols. D’une année sur l’autre, ces prélèvements sont revus à la hausse alors que l’aéroport ne se lance pas dans de nouveaux investissements. D’où un coquet bénéfice net réalisé chaque année et qui fait de l’aéroport de Nantes, une soixantaine de millions d’euros de chiffre d’affaires, un des plus rentables de l’Hexagone. Ce dispositif relativement discret a ainsi permis la constitution de la cagnotte destinée à financer la future plateforme de Notre-Dame-des-Landes.

Travaux de relooking

Toute la question est maintenant de savoir ce qu'il adviendra de cette centaine de millions d'euros, au cas où ce projet contesté serait abandonné. Pour éviter toute polémique, le ministère des Transports a cru bon de préciser à Libération que «le concessionnaire est tenu de conserver ce financement pour de nouveaux investissements» et qu'il ne peut en aucun cas «le verser à ses actionnaires». En langage non administratif, pas question pour le groupe de BTP Vinci, exploitant de l'actuel aéroport de Nantes, de garder cette cagnotte comme une sorte de dédommagement supplémentaire dans le cadre de l'abandon de la construction Notre-Dame-des-Landes.

Pour autant, les compagnies aériennes ne comptent pas, de leur côté et en cas d'abandon du projet, réclamer le remboursement de ce qui leur a été prélevé. «Il faudrait, alors, que cet argent serve à la rénovation de l'actuel aéroport de Nantes», confie, sous le sceau de l'anonymat, le patron d'un transporteur régional. Reste que d'éventuels travaux de relooking n'absorberont pas immédiatement toute l'enveloppe disponible. «La modernisation de Nantes-Atlantique requiert dans l'immédiat un nouveau terminal pour les compagnies aériennes low cost, soit 12 millions d'euros et une réfection de la piste de décollage et des parkings pour environ 40 millions d'euros. Nous sommes loin des quelque 100 millions capitalisés», estime Jean-Marie Ravier, un chef d'entreprise nantais qui est également l'expert financier des opposants à Notre-Dame-des-Landes.

Hasard ou coïncidence, à quelques jours de la décision qui doit être annoncée par le Premier ministre sur la construction ou l'abandon de ce projet, un panneau de chantier vient de faire son apparition devant l'aéroport Nantes-Atlantique. Il annonce l'extension prochaine d'un hall d'accueil pour les voyageurs. La première pierre de travaux de plus grande ampleur ?