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Notre-Dame-des-Landes : retour sur des années de lutte

Notre-Dame-des-Landes, l'aéroport enterrédossier
S'il a abandonné le projet d'aéroport en janvier, marquant un tournant décisif dans un feuilleton débuté en 1974, le gouvernement a toutefois décidé d'évacuer la ZAD ce 9 avril 2018. «Libé» suit depuis des années le bras de fer entre pro et anti-aéroport.
Le 16 janvier, à Notre-Dame-des-Landes. (Photo Loïc Venance. AFP)
publié le 17 janvier 2018 à 12h54
(mis à jour le 9 avril 2018 à 10h59)

De la déclaration d'utilité publique du projet en 2008 à la décision du gouvernement d'abandonner l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes en janvier 2018, retour sur dix ans de lutte dans les colonnes de Libé.

NDDL à la une

Au cours de la décennie écoulée, le conflit autour de Notre-Dame-des-Landes a plusieurs fois fait la une de Libé. En novembre 2012, l'opposition croissante à l'aéroport nantais fragilise le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes et partisan depuis toujours de la construction d'un nouvel aéroport. Libé titre : Avis de turbulences pour Ayrault.

Quatre ans plus tard, le Conseil d'Etat doit décider s'il annule la consultation prévue sur la construction de l'aéroport nantais. Le «vote en suspens» aura finalement lieu, donnant une courte majorité aux pro-NDDL.

A la fin de l’année 2017, un rapport réalisé par trois médiateurs est rendu sur le projet et le gouvernement annonce qu’il repousse sa décision finale au mois de janvier, prolongeant un peu plus le suspense.

Dans l'événement de ce 13 décembre, la «bombe à retardement de l'exécutif» est longuement analysée. Libé titre : Jusqu'ici, tout va bien.

Le 17 janvier, le Premier ministre Edouard Philippe annonce finalement que le gouvernement renonce. Bure, Roybon, LGV Lyon-Turin, ce succès militant ouvre la voie à d'autres victoires sur le front des luttes écologistes. En une de Libé : Après Notre-Dame-des-Landes à qui le tour ?

Le journal revient sur la situation en Loire-Atlantique le 31 mars dernier, s’interrogeant cette fois sur le devenir des terres sur lesquelles devait être construit l’aéroport. Qui des anciens propriétaires ou des zadistes devrait pouvoir en disposer ?

Sur le terrain

Libé évoque dès 2008 les premières mobilisations «contre l'aéroport nantais voulu par Jean-Marc Ayrault». Les banderoles des 3 000 manifestants dénoncent l'«Ayraultport», tant le maire Jean-Marc Ayrault – qui deviendra Premier ministre quatre ans plus tard – défend ce projet pharaonique, seul rescapé du Grenelle de l'environnement, écrit-on à l'époque.

En 2014, Libé se rend dans le bocage nantais, à la rencontre des zadistes qui rêvent d'une «commune libre». «Une vingtaine de projets agricoles, allant de l'élevage de vaches laitières à l'apiculture, en passant par la plantation de tabac et la fabrication de beurre ou de fromage, ont vu le jour. Il y a peu, un verger a été planté» : notre reportage.

Trois ans plus tard, en ce mois de décembre 2017, les zadistes «ne savent pas trop à quoi s'attendre», comme ils le racontent à Libé. Avant la remise du rapport des trois médiateurs, les 250 habitants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes réfléchissent à l'avenir du site en cas d'abandon définitif du projet d'aéroport. En cas de non-réalisation, la possibilité de nouer un bail emphytéotique avec l'Etat pour l'exploitation de ces terres agite les discussions… Lire notre reportage sur place.

De leur côté, les partisans du projet d'aéroport se mobilisent tous azimuts au même moment pour tenter de faire pression.

En interview

Pendant plus d'une décennie, le combat de Notre-Dame-des-Landes se sera également joué sur le terrain politique. En 2012, Libé interroge un des élus qui a toujours affiché son soutien aux opposants : le sénateur EE-LV Ronan Dantec. «Je ne comprends pas qu'on fragilise la gauche avec un projet si secondaire et autant bloqué… Et puis, pourquoi créer un clivage entre la gauche socialiste et la gauche environnementaliste ?», s'interroge-t-il alors.

Peu à peu, le combat né à Notre-Dame-des-Landes fédère d'autres luttes, notamment celle contre le barrage de Sivens, où est mort le militant écolo Rémi Fraisse, ou encore l'opposition à la ligne grande vitesse Lyon-Turin. En 2014, Françoise Verchère, élue contestant le projet de nouvel aéroport à Nantes, et Daniel Ibanez, opposant à la LGV Lyon-Turin, comparent leurs expériences dans une interview croisée. «Si on en arrive à une résistance sur le terrain, qui s'exprime, parfois, par la violence, c'est qu'en amont, il n'y a pas eu le dialogue, la concertation et le vrai débat démocratique», dit l'une, quand l'autre souligne que «l'Etat de droit, ce serait un vrai débat sur l'utilité publique, sans conflits d'intérêts et sans que soit préjugé du choix final».

En 2016, l'avocat spécialiste du droit de l'environnement Arnaud Gossement revient sur l'annonce de la consultation locale que vient de faire François Hollande, alors président de la République. «La vraie question est donc aujourd'hui de savoir si l'Etat veut revenir ou pas sur les autorisations qu'il a accordées dans le dossier Notre-Dame des Landes. En fait, je ne crois pas une seconde que ce projet se fera», estime le conseil.

En février 2018, le député européen José Bové fait le lien entre NDDL et la lutte du Larzac dont il a été une des figures. «Il y aura des conflits, comme partout, comme il y en a eu aussi sur le Larzac. Il y a des gens très différents, certains sont là depuis longtemps, d'autres pas, certains jouent collectif, d'autres sont plus individualistes. Il faut faire cheminer cette nouvelle famille, ensemble», explique-t-il.

Un peu plus d’un mois après, c’est l’avocat Raphaël Kempf que nous interrogeons. Il fait partie d’un collectif d’avocats pour qui l’expulsion des zadistes serait «illégale» et selon lui, une décision de justice est nécessaire.

Portrait

En 2012, nous rencontrons Julien Durand, un des leaders de l'opposition au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Ce porte-parole de l'Acipa, principale association des opposants, s'était déjà mobilisé à l'époque du Larzac, en soutien aux paysans des Causses. Son portrait.

Six ans plus tard, c'est au doyen de la ZAD que Libé consacre un portrait. Paul Blineau s'oppose depuis 1963 au projet d'aéroport. A 84 ans, il revient sur une vie de luttes et d'agriculture raisonnée.

Décryptage

En 2014, «Libé» s'interroge sur «l'écosystème zadiste» : jeunes en rupture, utopistes ou paysans, à Nantes ou à Sivens, les mobilisations écologistes autour des «zones à défendre» commencent alors à prendre de l'ampleur. Notre enquête au cœur d'une mouvance disparate est à lire ici.

Après la décision du gouvernement d'abandonner le projet, reste une question : à qui attribuer les terres ? D'un côté les 200 à 300 habitants illégaux sur ces terres au nord de Nantes souhaitent être régularisés pour mener à bien leur projet de société alternative. Et de l'autre l'Etat, propriétaire de la plupart de ces 1 650 hectares de terres. Notre analyse avant le début de l'expulsion.

En images

En novembre 2012, Libé revient en images sur deux ans de contestations, entre manifestations bon enfant et affrontements violents. (Cliquez sur l'image pour accéder au diaporama)

Mars 2018, retour en images sur la zone à défendre et ses alentours, dont les usages futurs font l'objet de dissensions. (Cliquez sur l'image pour accéder au diaporama)