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A Lille, Martine Aubry soutient Faure et charge Macron

La maire de Lille a annoncé ce jeudi, lors de ses vœux à la presse, qu'elle apportait son soutien au chef des socialistes à l'Assemblée pour prendre la tête du parti. Et profité de l'occasion pour critiquer la politique migratoire de l'Elysée.
Martine Aubry, le 3 mars à Lille. (Photo François Lo Presti. AFP)
par Stéphanie Maurice, correspondante à Lille
publié le 18 janvier 2018 à 16h14

Ce sera Olivier Faure. Martine Aubry a annoncé son soutien officiel à celui qui a été son conseiller lorsqu’elle était ministre de l’Emploi et de la Solidarité, dans le gouvernement Jospin. Le président du groupe Nouvelle Gauche à l’Assemblée nationale sera donc son candidat pour le poste de premier secrétaire du PS.

Lors des vœux à la presse, jeudi, dans son fief de Lille, elle est apparue souriante et combative. Sur l'état du PS, elle balance : «J'en suis désespérée sur le fond, mais cela me donne du courage pour nous redresser.» Surtout, affirme-t-elle, il faut en finir avec les courants, «les motions A, B, C, D, les fabiusiens, les vallsistes, les aubryistes» : le parti doit se débarrasser de ses vieilles habitudes et renouveler ses leaders. «Il faut de nouvelles têtes, qui portent des valeurs avec force», insiste-t-elle. Faure lui plaît bien, car «je suis convaincue de ses convictions, et il n'y aura pas de petits accords d'appareil avec lui», dit-elle. Surtout, ils se retrouvent sur les trois fondamentaux que la maire de Lille estime nécessaires pour sauver le Parti socialiste : d'abord «une analyse ouverte sur le bilan du quinquennat, sur la politique que nous avons menée», et elle insiste sur le «nous» ; ensuite, «un positionnement clair vis-à-vis du président de la République» ; enfin, imaginer «le projet de social-démocratie de gauche».

«Recettes de l’ancien monde»

Ah, le président de la République. Certes, Martine Aubry refuse que l'on dise qu'elle le déteste, celui qu'elle surnomme volontiers Jupiter. Néanmoins, elle a la critique dure. «Le temps de la séduction sera vite passé», pronostique-t-elle, «et sera remplacé par le temps de la réalité». Martine Aubry énumère les écueils : les premiers contrats aidés s'achèvent en ce début janvier, la hausse de la CSG devient effective sur les retraites, les effets des ordonnances sur le travail vont se faire sentir. Elle remarque, perfide, que Margaret Thatcher aurait été très l'aise dans ce nouveau monde, où «on applique les recettes de l'ancien».

Mais là où elle prend marque avec force, c'est sur la question migratoire, après la visite, mardi dernier, d'Emmanuel Macron à Calais : «Fermeté et humanité, nous dit le ministre de l'Intérieur. Mais sur le terrain, il n'y a que la fermeté. Les uns, à la mer, les autres, on regarde éventuellement si on peut les accueillir.» Et elle assène : «C'est une politique de dissuasion.» Seul satisfecit, la renégociation annoncée des accords du Touquet, qui placent la frontière anglaise en France : Martine Aubry s'en réjouit. Pour tout de suite regretter qu'Emmanuel Macron soit sans opposition. Elle ajoute, pince-sans-rire : «Au point où en est le PS, cela ne peut aller que mieux en 2018.»