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Libération
Big deal

Airbus s'offre un sursis pour l'A380

Le constructeur aéronautique vient de décrocher une commande ferme de 20 appareils et 16 options pour son gros porteur en panne de clients depuis deux ans.
Un A380 sur le tarmac du Bourget. (Photo Eric Piermont. AFP)
publié le 18 janvier 2018 à 19h38

Il est des bons de commande qui comptent double. Celui signé par la compagnie aérienne de Dubaï, Emirates, pour 20 très gros porteurs A380, plus une option sur 16 autres (pour un montant total de 13 milliards d’euros) est de ceux-là. Et pour cause. La dernière commande pour cet appareil à quatre réacteurs et deux étages datait de… janvier 2016.

Client rare

Le client se faisait donc tellement rare que les cadences de production, dans les ateliers de Toulouse, sont descendues à 12 appareils cette année et devraient encore fléchir à 8 l’an prochain. Autant dire que le hall d’assemblage ne déborde pas plus d’activité que le carnet de commandes : 317 exemplaires achetés jusqu’à cette dernière acquisition et 202 déjà livrés. Bien loin des 700 à 800 appareils escomptés pour rentabiliser le programme.

La commande de ce jour est venue d’un client historique de l’A380, la compagnie Emirates, qui en possède déjà 101 exemplaires. Pour autant, le PDG du transporteur, Tim Clark, rechignait jusqu’à présent à ressortir son carnet de chèques. Il avait commencé par réclamer une nouvelle motorisation afin que l’avion soit moins gourmand en kérosène. Trop cher, lui ont répondu les dirigeants d’Airbus. Il s’est ensuite inquiété de la pérennité du programme compte tenu des faibles ventes. En clair : à quoi bon acheter de nouveaux A380, si la production s’arrête.

Il semblerait que le directeur commercial d’Airbus, John Leahy, loin d’être un perdreau de l’année, ait justement pris son client au mot en lui faisant comprendre que s’il ne commandait pas de nouveaux exemplaires, la production risquait bel et bien de s’arrêter. Dans ce cas de figure, Emirates se retrouverait avec une centaine d’A380 sur les bras et plus de possibilité, en cas de besoin, d’en commander de nouveaux.

Acheter du temps

Cet argument, assorti d’une solide ristourne (l’appareil est loin d’avoir été vendu au tarif de 445,6 millions de dollars, soit environ 364 millions d’euros, indiqué sur le catalogue), a semble-t-il permis d’emporter l’affaire. Avec cette commande, Airbus s’offre la possibilité d’acheter du temps. L’avionneur va progressivement descendre à 6 appareils produits par an, ce qui lui permet de pouvoir encore tenir dix ans pour livrer les 61 appareils qui lui restent à fabriquer.

D’ici là, Airbus espère décrocher de nouveau clients, notamment en Chine où le développement du transport aérien est le plus fort. Le constructeur serait même prêt à développer un atelier d’aménagement de la cabine de l’A380 pour emporter la signature de compagnies aériennes chinoises.