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Libération

A Notre-Dame-des-Landes, les derniers instants des «chicanes»

publié le 22 janvier 2018 à 19h36

C’était l’un des symboles de la «zone à défendre» de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), conviennent les opposants au projet avorté de second aéroport nantais. Depuis lundi, une partie d’entre eux s’attelle à retirer les obstacles qui entravent depuis cinq ans la circulation des véhicules sur la D281, comme l’a exigé Edouard Philippe mercredi, lors de l’annonce de l’abandon du projet. Epaves de voitures, pneus et blocs de béton sont parsemés sur cette ligne droite de plusieurs kilomètres. Les ronces ont aussi gagné du terrain et sérieusement rétréci la largeur de la départementale.

La circulation y a toutefois toujours été possible, en dépit des nids-de-poule. Mais on ne pourra plus y rouler à vitesse normale à court terme : d'autres «ralentisseurs» provisoires vont être «immédiatement» installés, préviennent les zadistes. «Des voies de passage seront créées pour nos amis tritons, salamandres et autres habitants du bocage», précisent-ils. Et la réouverture de cette «route des chicanes» n'est peut-être pas définitive. «Nous pourrions revenir sur cette décision si des menaces d'expulsion venaient à se concrétiser», assure le mouvement dans un communiqué. En attendant, la presse a été tenue à distance. Elle a simplement pu voir arriver tracteurs, remorques et camions de ferrailleurs.

Deux des 70 «lieux de vie» sont situés à même le bitume, ce qui implique leur démolition. «Prendre cette décision n'a pas été facile», reconnaît l'Acipa, l'une des principales composantes du mouvement. «Il est indispensable que le territoire reste un territoire commun, public, ouvert à tout le monde, librement, à l'inverse d'un lieu privé», insistent sept comités de soutien, tous géographiquement proches de la ZAD, dans une tribune commune lancée mardi dernier.

Philippe Grosvalet, le patron (PS) du département, n'est de toute manière pas prêt à rouvrir la route. Il s'appuie sur les propos de la ministre Jacqueline Gourault qui, il y a deux semaines, «certifiait la présence dans la ZAD d'explosifs et de pièges». Une affirmation pourtant démentie depuis. «Son niveau de dégradation est tel qu'il est inenvisageable de la rouvrir à la circulation sans des travaux lourds, coûteux et complexes», a-t-il ajouté.

Lire également pages 18 -19.