Un pas de plus vers la réalisation du Grand Contournement Ouest (GCO) de Strasbourg, projet routier contesté, a été franchi. Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, a annoncé mardi que l'Etat «délivrera[it] l'autorisation unique environnementale pour permettre la réalisation de l'autoroute».
Concrètement, la déclaration d'utilité publique a été prorogée de huit ans, rendant possibles les travaux nécessaires à la conduite du chantier préparatoire sur le tracé de l'autoroute. Le décret a été publié au Journal officiel.
Feu vert, donc, pour une rocade de 24 km qui doit délester l’autoroute A 35 qui traverse Strasbourg, en absorbant le trafic du nord au sud de l’Alsace.
Hulot avait déjà confirmé le projet en octobre, mais il avait demandé de le «retravailler» en raison de ses impacts sur la biodiversité. Les opposants dénoncent en effet de longue date sa voracité en termes de terres agricoles (350 hectares) et la mise en danger d'espèces protégées, comme le grand hamster d'Alsace.
Présenté par Arcos, filiale de Vinci, il avait pourtant reçu des avis négatifs du Conseil national de protection de la nature en 2017. Ce dernier avait demandé «des précisions relatives à la protection de la biodiversité lors du chantier» et une compensation des «impacts de l'infrastructure sur des espèces protégées».
Après une suspension des travaux préparatoires, la réalisation de l'autoroute peut donc être relancée, à condition d'intégrer «des mesures compensatoires par le porteur de projet, notamment pour les zones humides. Par ailleurs, l'impact environnemental de l'aménagement foncier agricole devra être […] limité au maximum», ont précisé les ministères de la Transition écologique et des Transports.
Les réactions des écologistes ne se sont pas fait attendre. L'eurodéputée EE-LV Karima Delli a pointé du doigt le«très mauvais signal» que représente cette annonce, qualifiée par le collectif GCO Non Merci de «lot de consolation pour Vinci après l'abandon de NDDL». En septembre, une manifestation contre ce projet jugé «inutile» avait réuni 2 500 personnes. Mardi, les opposants ont immédiatement appelé à un rassemblement devant la préfecture pour organiser la future lutte… avec des zadistes ? «Il est trop tôt pour le dire», dit le collectif. Les travaux doivent débuter en août pour une mise en service prévue en 2020.