Encore des manques dans l’affaire Lactalis. Mais cette fois, ce n’est pas du fait de l’industriel. Depuis le 12 janvier, à la demande du ministère de l’Economie, quelque 3 600 nouveaux contrôles ont été réalisés par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) dans des sites commerciaux (grandes et moyennes surfaces, pharmacies), ou sanitaires (hôpitaux, crèches) qui étaient censés ne plus avoir en leur possession des produits de nutrition infantile (laits infantiles, céréales) produits dans l’usine de Craon, en Mayenne. Dans la grande majorité des sites contrôlés (99,4%), les produits couverts par ces opérations de retrait et de rappel n’étaient pas présents.
Dans les 22 établissements (0,6%) qui n'ont pas respecté la procédure de retrait et rappel, «tous les produits en cause ont été immédiatement retirés, indique Bercy. Les suites données dépendront des causes et des conditions dans lesquelles ces manquements ont été commis. En tout état de cause, le fait de poursuivre la vente de produits concernés par une opération de retrait/rappel est susceptible de constituer une tromperie aggravée, qui est un délit pénal. Des procès-verbaux ont été établis et seront transmis à la justice».
«Solution de blocage»
1 300 contrôles ont été effectués dans les grandes et moyennes surfaces. Seuls deux établissements proposaient encore à la vente 16 produits qui auraient dû être retirés du marché. «Une solution de blocage en caisse était toutefois en place», d'après la DGCCRF. Par ailleurs, 1 600 contrôles ont été réalisés dans des pharmacies. «Treize officines proposaient encore à la vente entre une et vingt-huit boîtes. Les agents ont demandé le retrait immédiat des rayons d'une centaine de produits sur l'ensemble de ces établissements.»
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Du côté des cliniques et des hôpitaux, 93 des 94 établissements contrôlés étaient conformes. Celui qui ne l’était pas avait en sa possession une seule boîte, entamée, de Maltodextridine (produit de nutrition spécialisé). Quant aux crèches, elles sont 330 à avoir été contrôlées. Toutes étaient conformes à la procédure de retrait.
Dans d'autres types d'établissements non précisés par Bercy, 291 contrôles ont été réalisés: 285 étaient conformes. Enfin, des recherches sur Internet de produits couverts par la mesure de retrait/rappel ont conduit à l'identification de 61 sites qui les commercialisaient. «Mais après vérifications, aucun ne permettait aux consommateurs de réaliser des achats de marchandises», précise la DGCCRF. Qui annonce que ses agents «demeureront vigilants, au cours des prochaines semaines, à ce que les produits rappelés ne soient plus commercialisés. Une vigilance particulière sera observée dans les établissements pour lesquels le taux de non-conformité demeurait le plus important».
Dix cas supplémentaires
L'association des familles de victimes du lait contaminé aux salmonelles n'a pas tardé à réagir. Elle s'«étonne que 22 établissements aient encore pu être épinglés par les services de la DGCCRF […] pour avoir continué la distribution de produits infantiles retirés de la vente et de la consommation, et ce depuis le 12 janvier, soit plus de cinq semaines après les premières mesures de retrait/rappel.» Et le collectif de s'interroger: «Comment se fait-il qu'après 44 pharmacies épinglées lors des premiers contrôles, près de treize nouvelles pharmacies, et ce malgré la publicité de cette affaire, continuent de vendre en toute impunité des produits retirés du marché et potentiellement dangereux pour la santé des nourrissons?» Pour Quentin Guillemain, président de l'association, «il va falloir que l'Ordre national des pharmaciens agisse immédiatement afin que ces pharmaciens irresponsables ne puissent plus officier. Il en va de la crédibilité de leur profession».
Plus tôt dans l'après-midi de ce vendredi, l'association a déclaré qu'elle avait rencontré dans la matinée les représentants de trois ministères concernés par l'Affaire Lactalis (Santé publique France, Anses, Direction générale de la santé, Direction générale de l'alimentation, DGCCRF). Et qu'elle les avait informés avoir connaissance de dix cas supplémentaires de bébés malades diagnostiqués porteurs de la salmonellose et non recensés par Santé publique France. «La DGS et Santé publique France se sont dits prêts à en prendre connaissance, indique l'association. Ils ont également dit vouloir suivre les enfants recensés par les autorités.» De plus, l'avocate du collectif a indiqué que «dix nouvelles plaintes seraient déposées dès la semaine prochaine contre Lactalis». Selon Me Jade Dousselin, certaines seront également déposées à l'encontre des enseignes Leclerc et Auchan pour «mise en danger de la vie d'autrui».