Il y a au moins deux façons de commenter les ébats des derniers grands fauves socialistes. La première est de tourner les talons et de se désoler de cette course aux egos pour un parti moribond qui, non seulement ne fait plus envie à personne, mais a été incapable d’établir le moindre inventaire lucide du quinquennat de François Hollande. La seconde, bienveillante, est de reconnaître que le pire pour l’avenir du PS eût été qu’il ne suscite plus la moindre ambition. Que chacun se fasse porter pâle pour convenance personnelle. On peut déplorer l’absence de candidate, mais on ne peut pas regretter que quatre hommes se présentent sur la ligne de départ. Excusez ce truisme mais, pour mener la bataille des idées, il faut d’abord des combattants. Et ensuite des idées. Tout, dans la maison socialiste, est à reconstruire : le parti, sa relation avec les militants, son ADN idéologique, sa stratégie d’alliances… A la lecture des différentes contributions, on peut, là encore, se lamenter ou se rassurer.
Oui, c'est vrai, aucune d'entre elles ne brille par son originalité. Aucune ne trace de grandes perspectives ou n'ouvre de nouveaux débats. Mais les socialistes ont (pour une fois) tous l'humilité de reconnaître que l'heure n'est pas à la reconstruction de leur arsenal programmatique. Le congrès d'Aubervilliers, début avril, ne sera pas celui de la reconquête : il devra d'abord prouver que le PS est vivant. Qu'il peut légitimement revendiquer une place dans ce nouveau paysage politique reconfiguré par la victoire d'Emmanuel Macron. Et faire la démonstration qu'il existe encore un élan collectif pour la défendre. On peut railler le peu d'ambition de cette feuille de route. Mais le PS en est là aujourd'hui. Dans notre dernier sondage Viavoice, 40% des sympathisants de gauche considéraient que le PS «avait vocation à disparaître». C'est dire si la pente est raide.