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Enquête

«Commando» d’ultradroite en Bourgogne : un ado de 17 ans se rend à la police

L'homme qui avait provoqué samedi l'évacuation du marché de Noël à Nice a reconnu qu'il avait fait une mauvaise blague et sera présenté à la justice pour cette fausse alerte (Photo PHILILPPE HUGUEN. AFP)
publié le 29 janvier 2018 à 11h48
(mis à jour le 29 janvier 2018 à 15h46)

Moins de trois mois après les premiers courriels d’un mystérieux «commando» bourguignon lié à l’ultradroite, revendiquant notamment plusieurs attaques au marteau à Dijon et Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), un adolescent de 17 ans s’est dénoncé ce lundi à la police, affirmant avoir agi seul.

Début novembre, plusieurs attaques ayant causé des blessures légères avaient été revendiquées dans des courriels adressés aux quotidiens régionaux le Bien public et le Journal de Saône-et-Loire, au nom d'un groupe d'abord baptisé «commando de défense du peuple et de la patrie française» puis «OAS 26 septembre».

L'expéditeur, qui affirmait vouloir «contrer l'islamisation» de la France précisant choisir ses victimes en raison notamment de leur port du voile ou de leur couleur de peau, avait aussi demandé la libération de militants de la mouvance d'ultradroite et menacé un match de Ligue 1, Dijon-Troyes, le 18 novembre.

«L'auteur présumé, un mineur de 17 ans, s'est rendu à 10h55 aux forces de police. Il s'est présenté au commissariat de Chalon-sur-Saône et a été placé en garde à vue», a indiqué le procureur de la République de Chalon-sur-Saône, Damien Savarzeix.

Dans des messages aux deux quotidiens régionaux ( et ), l'adolescent avait annoncé son intention de se rendre, lundi matin. Il réclamait, en échange, l'assurance du procureur que «la perquisition» à son domicile se déroule «dans des conditions dignes (j'entends par là rien ne rien casser)» et que son «entourage (ait) le droit à un suivi adapté».

Selon le Journal de Saône-et-Loire, présent à son arrivée au commissariat, l'adolescent aux cheveux châtains clairs, de corpulence frêle et s'exprimant très correctement, serait étudiant en histoire à Dijon.

«Je suis seul, j'ai agi seul, sans ordre extérieur», a-t-il affirmé dans un message adressé au quotidien. Dans un précédent mail, il avait indiqué que le groupe était constitué de quatre personnes. «Je n'ai aucune conviction nationaliste (ni jihadiste, ni aucune conviction tout court, le débat politique actuel me laisse un peu pantois en vérité), je suis juste fasciné depuis toujours par le monde policier, judiciaire, et par les faits divers», poursuivait-il. Avant de conclure: «Je n'en suis pas moins responsable de tous les actes que j'ai revendiqués dans ces courriels.»

 Fausse piste

En novembre, au fil des messages adressés à la presse régionale, il avait d'abord revendiqué trois attaques au marteau survenues à Dijon, le 26 septembre, et une quatrième dans la même ville le lendemain, à l'aide cette fois d'un bocal de verre. Il avait ensuite revendiqué deux attaques au marteau à Chalon-sur-Saône, le 15 septembre, dont une au cri d'«Allah Akbar». Afin, selon lui, «d'aiguiller les enquêteurs sur une fausse piste».

La police était déjà sur les traces d'un jeune homme «de corpulence fine, à la peau plutôt claire», selon des images de vidéo-surveillance et un portrait robot diffusés fin septembre lors d'un appel à témoins.

L’auteur des courriels réclamait en outre la libération de huit «collègues» de la mouvance d’ultradroite et de leur «chef» Logan Alexandre Nisin, interpelés dans une enquête sur des projets d'«actions violentes» mais «aux contours imprécis» contre des politiques ou des mosquées. En cas de refus, il menaçait de «frapper» le match de Ligue 1 Dijon-Troyes du 18 novembre. La rencontre s’était déroulée sous surveillance renforcée, mais l’ultimatum ne s’était pas concrétisé.

Dans ses courriels, le «commando» avait aussi déclaré «son admiration pour Anders Behring Breivik», l'auteur d'une tuerie qui a fait 77 morts en Norvège en 2011 et, vendredi dernier, revendiqué le braquage d'une pharmacie de Chalon-sur-Saône pour un butin d'environ 200 euros.

A ce stade «on est en droit de penser qu'il était le seul auteur» des revendications, mais l'enquête devrait le confirmer, selon le procureur. Une conférence de presse est prévue mardi en fin de matinée au parquet de Chalon-sur-Saône.