Jonathann Daval, mari d'Alexia Daval, la joggeuse assassinée cet automne en Haute-Saône, a été placé en garde à vue lundi. Dans la foulée, il a assisté, avec les gendarmes, à la perquisition de son domicile de Gray, à quelques kilomètres du bois d'Esmoulins où le corps avait été retrouvé, le 30 octobre. Son avocat, Me Randall Schwerdorffer, s'est exprimé en fin de matinée : «La famille d'Alexia soutient Jonathann, je tiens à vous le dire. Il nie totalement les faits, il les a toujours niés et il gardera cette position.» Que sait-on en l'état ? Que l'affaire n'a jamais stagné et que, comme souvent dans ce type de faits divers, le scénario du meurtre conjugal n'a pas été écarté par les proches et leurs connaissances. Me Schwerdorffer avait déjà publiquement dénoncé, quinze jours après le meurtre, des «ragots» à l'endroit de son client, apparu dévasté au moment des hommages.
Griffures
Isabelle Fouillot, mère de la défunte et conseillère municipale de Gray, s'interrogeait sur son entourage, selon nos confrères de l'Est républicain. A demi-mot : «Le pire, pour moi, serait d'apprendre que l'auteur ait pu participer aux battues, à la marche blanche. L'idée que le meurtrier ait pu bénir son corps, voilà ma plus grande angoisse.» Et Me Jean-Marc Florand, l'avocat des parents d'Alexia Daval, avait refusé de représenter aussi son époux, à qui il avait conseillé de se tourner vers un confrère. Par précaution, a-t-il précisé, sans pour autant accabler Jonathann Daval, 34 ans, présumé innocent.
Jusque-là, ce dernier avait été entendu à deux reprises en tant que témoin. Il avait alors évoqué une dispute avec son épouse de 29 ans, laquelle expliquerait des griffures et des morsures observées sur ses bras. Surtout, il avait assuré ne pas avoir quitté son domicile la nuit précédant le meurtre. L'un de ses voisins dit tout le contraire : il aurait entendu sa voiture rouler sur une plaque de fer aux alentours de 1 h 30 du matin. Selon le Point, l'expertise des pneus pourrait correspondre à certaines traces trouvées sur le lieu où le corps a été découvert. Le 28 octobre, vers 12 heures, l'ingénieur en informatique avait signalé la disparition d'Alexia Daval, expliquant aux forces de l'ordre qu'elle était sortie aux alentours de 9 heures pour faire un jogging. Ensuite, aucune nouvelle.
Fantasmes
Les appels à témoins, les portraits affichés, les battues, les drones : une importante machine avait été mise en place pour rechercher l’employée de banque. Le modus operandi - le corps a été retrouvé calciné - associé au contexte - une course à pied, le matin, dans un coin fréquenté - avait engendré un début de psychose dans ce coin de Haute-Saône et alimenté, mécanisme classique, une tripotée de fantasmes autour de la routine du couple. L’interpellation de Jonathann Daval repose avec insistance les interrogations de départ, à commencer par le cœur de l’histoire : la jeune femme est-elle vraiment allée courir ? Il y a quelques semaines, l’autopsie avait révélé des marques de coups et une asphyxie. Edwige Roux-Morizot, la procureure de Besançon en charge du dossier, devrait s’exprimer à la fin de la garde à vue.