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Libération
Le portrait

Abnousse Shalmani: Khomeiny, Sade et elle

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Née à Téhéran et détestant les mollahs, cette féministe pro-sexe, corédactrice de la «tribune Deneuve», chérit les libertés démocratiques.
(Photo Ed Alcock. Myop)
publié le 30 janvier 2018 à 17h16
(mis à jour le 30 janvier 2018 à 18h14)

Cinéaste précaire et romancière en gestation, cette intellectuelle fascinée par les auteurs libertins du XVIIIe est une anticléricale débridée doublée d’une réfractaire à l’ordre moral. Abnousse Shalmani, 40 ans, vient de corédiger la tribune des cent femmes pour l’entente entre les sexes. En retour, elle s’est pris une volée de bois vert qui la chamboule plus qu’elle n’aurait pensé, surtout quand des militantes appellent à la violer pour lui faire comprendre sa douleur. Ses thèses les mieux partagées pourraient être résumées par ce propos de Mme de Saint-Ange, personnage de son cher marquis de Sade : «Ton corps est à toi et à toi seule. Il n’y a que toi seule au monde qui ait le droit d’en jouir et d’en faire jouir qui bon te semble.» Pour cliver un brin, elle met patriarcat et matriarcat dans le même sac. Et pour prendre la tangente, elle célèbre son bonheur d’échapper à toute assignation : «Je suis un individu avant d’appartenir à un sexe ou d’être née à Téhéran.»

Studio bibliothèque. Shalmani tient à recevoir chez elle, histoire de montrer qu'elle n'a rien d'une bourgeoise de Saint-Germain-des-Prés comme l'en accusent ses détractrices. Elle vit en solo dans 28 mètres carrés mangés par une splendide bibliothèque. Elle s'est éloignée de son XIe arrondissement de toujours et réside désormais dans le XXe. Dans ce quartier populaire, cette empathique à la tchatche brancheuse et au débit goule