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Libération

Bac à vocables

publié le 14 février 2018 à 20h56

Avec cette réforme du bac, la «maturité» surgit tout à coup. Voilà que l'on apprend que Jean-Michel Blanquer aimerait rebaptiser l'année de terminale «classe de la maturité», et dans la même veine, nommer la nouvelle épreuve «oral de maturité». Quelle mouche a donc piqué le ministre ? Il dit avoir emprunté ce terme à nos voisins belges et suisses. Interrogé par un journaliste mercredi, il a expliqué trouver l'appellation plaisante, même si rien n'était arrêté. Dans son idée, a-t-il poursuivi, il s'agit surtout de présenter autrement la classe de terminale, qui donne l'image de fin, alors que c'est le début d'autre chose…

Tout de même, les mots ont un sens. Cécile Alduy, sémiologue et professeure de sciences politiques à l'université de Stanford, aux Etats-Unis, s'interroge «sur le côté suranné de ce mot "maturité"». Et surtout sur ce qu'il véhicule : «Il y a un discours moralisateur sous-jacent. Cette idée d'école de la vie, de contrôle de soi. La maturité touche à l'identité de la personne, et donc dépasse complètement le cadre du bac, qui est censé valider un socle commun de connaissance.» Elle poursuit : «Cela donne une autre valeur au bac, comme si l'on ne se contentait plus de le considérer comme un parcours de connaissance mais qu'il impliquait une éducation morale.»