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Libération

Un grand oral de vingt minutes

publié le 14 février 2018 à 20h56

Ce qui change Pour les candidats au bac technologique, pas de modification en vue. Ils conservent leur «oral de projet» dans sa forme actuelle. En revanche, petite révolution pour les candidats à un bac général : ils passeront désormais un oral de vingt minutes devant un jury de trois personnes. Les candidats devront présenter un projet, mené dès la classe de première et qu'ils prépareront d'abord en groupe, puis seuls. Un temps de l'oral sera consacré à un échange avec le jury pour mesurer leur expression orale. Blanquer aimerait que l'on appelle cette épreuve «oral de maturité» (lire page 5).

L'objectif «Savoir s'exprimer dans un bon français, clair et argumenté, est une compétence importante pour la vie professionnelle.» Le ministre reprend là l'une des propositions phares du rapport Mathiot, remis fin janvier. Il s'agit de permettre à tous les élèves, d'où qu'ils viennent, de travailler leur expression orale, car «pendant les années lycée, le système sera plus orienté vers l'obtention de cette compétence», a-t-il insisté à l'adresse des sceptiques.

Les dangers La question des inégalités ressurgit. Evaluer la façon dont les élèves s'expriment, n'est-ce pas avantager ceux qui ont eu la chance de grandir dans un milieu favorisé ? Le sociologue Pierre Merle en est convaincu : «Les pratiques d'expression orale sont fortement liées aux codes sociolinguistiques, maîtrisés différemment selon les milieux sociaux, et ces codes sont plus restreints parmi les enfants de catégories populaires», rappelait-il mercredi dans les colonnes de Libé. Mathieu Ichou, chercheur en sociologie de l'éducation et des inégalités à l'Institut national d'études démographiques, relève un deuxième facteur de discrimination : les critères de notation, plus délicats à établir, car «l'évaluation d'un oral est toujours plus difficile que celle d'un écrit».