Thomas Auxerre, librairie l’Amandier à Puteaux (Hauts-de-Seine)
«On n'a pas de recettes pour inciter les jeunes à lire. On mise sur l'accueil, on essaye d'être chaleureux, présents. On lit ce qu'ils lisent, des mangas, des BD, on regarde des séries, on suit Instagram et Facebook, on se tient au courant de ce qui marche. Il y a eu la vague dragons et sorciers, maintenant c'est la survie et puis le postapocalyptique. On essaie de réaliser des vitrines attrayantes… Il y a des lycéens qui lisent. En France, on n'est pas toujours bon sur les maths, mais sur la lecture, on est pas mal. On vend des témoignages, des récits, ce qui touche à la religion, au chômage. Le livre Adulte à présent (Edgar Sekloka, Sarbacane) qui évoque la vie d'une jeune migrante, c'est un titre très fort et très dur qui marche bien. On a fait une vitrine "rap et littérature", une autre "rock et punk". Ce que je retiens du prix, c'est la curiosité des participants. Je les trouve scotchants. J'aurais adoré faire cela à leur âge. Découvrir ainsi la littérature contemporaine, c'est une vraie chance.»
Jean-Claude Feugnet Librairie Chroniques à Cachan (Val-de-Marne)
«On parle souvent aux jeunes comme à des crétins, il faut juste les écouter, leur faire des propositions, toujours sous forme de dialogue. C’est un âge où on subit plus qu’on n’agit, certains lecteurs se voient rassurés d’être cantonnés dans la catégorie jeunesse. J’essaie aussi de leur faire traverser la rivière, souvent ils sont sensibles quand on les prend au sérieux, qu’on essaie de cerner ce dont ils ont envie. Ce que je vois, c’est que plus je suis exigeant sur ce que je fais, plus j’ai de public. Il y a toute une génération de parents qui comprennent les limites des écrans et qui font tout pour que les enfants lisent. Si je compare le début et la fin [du prix des lycéens, ndlr], les jeunes sont plus sûrs d’eux, affirmés. Quelque chose s’est passé. C’est très enrichissant, nourrissant.»
Catherine Bruey-Lemoine Librairie le Presse papier à Argenteuil (Val d'OIse)
«Dans notre ville, on a beaucoup de jeunes qui passent, les professeurs nous envoient leurs élèves, cela marche très bien. J’ai une petite équipe de jeunes libraires qui créent le lien, discutent, font du conseil. Les lycéens nous sollicitent. Argenteuil compte plus de 100 000 habitants et il y a deux librairies… Nous sommes un peu des militants de la lecture, on défend une littérature de jeunesse un peu différente. Le 4 février, on a organisé un Salon du livre et des lecteurs. C’est la sixième édition, avec 80 bénévoles et une communauté de lecteurs. Les filles lisent plus, surtout de la fiction. Le rayon manga est, lui, très fréquenté par les garçons. On essaie de tout faire pour montrer que la littérature est quelque chose de vivant, qu’il y a aussi des auteurs jeunes, ce n’est pas si compliqué que cela.»