Alors que les paysans dénoncent la confiscation de la valeur du fruit de leur travail par les industriels et, in fine, par les distributeurs, l'un des leviers de poids des producteurs dans la négociation des prix est de s'associer dans des organisations. Pour Jean Bizet, président Les Républicains de la commission des affaires européennes du Sénat, «les ententes entre agriculteurs doivent devenir la règle. Cela permettrait que les agriculteurs puissent se regrouper jusqu'à la mise en marché de leur produit. Et ces organisations de producteurs produiraient un effet de levier vis-à-vis des intervenants». Autrement dit, l'union fait la force.
Illustrations : en 2016, face à leurs difficultés financières chroniques, une quinzaine d’exploitations familiales de Bretagne, des Pays-de-la-Loire et de Nouvelle-Aquitaine, se sont groupées pour créer leur propre marque, nommée En direct des éleveurs. Ces producteurs ont créé leur laiterie avec un cahier des charges transparent en matière de traçabilité et de qualité. Par ailleurs, ils commercialisent leur lait sans intermédiaire. A l’arrivée : une rémunération d’un smic et demi par mois. Sur le même modèle, début décembre, une quarantaine de producteurs de viande bovine, de fruits, de légumes et de vin, se sont unis autour d’une entité commerciale de distribution à Chaveignes, en Indre-et-Loire. Cogéré par neuf personnes, le magasin le Kdi fermier commercialise en direct leur production. Autre réussite : celle de la marque C’est qui le patron ?! apparue fin 2016 avec l’appui des consommateurs pour rémunérer les éleveurs au juste prix. Vendue 0,99 euro, leur brique de lait s’est écoulée à 33 millions d’exemplaires en douze mois, explosant l’objectif de 5 millions d’unités visées au démarrage. Preuve que proximité, qualité et produit justement rémunéré peuvent rimer avec rentabilité.