L'ONG Générations futures, en s'appuyant sur des données de la Direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF) sur la période 2012-2016, vient de révéler que près des trois quarts des fruits et 41 % des légumes conventionnels portent des traces de pesticides quantifiables. De quoi booster le désir de l'alimentation bio. Signe que cette agriculture vertueuse répond à des demandes de plus en plus importantes des consommateurs et est en pleine expansion, Leclerc annonce une offensive de taille sur le bio. Le manitou de la grande distribution Michel-Edouard Leclerc veut créer en cinq ans un réseau de 200 magasins dédiés à cette alimentation saine. Leclerc bio, la première échoppe de la chaîne, qui a ouvert le 17 janvier à Fontaine-lès-Dijon, en Côte-d'Or, propose quelque 6 000 références sur 400 mètres carrés. «L'objectif n'est pas seulement de trouver des débouchés à la culture bio, mais également de garantir aux fournisseurs une autre culture de la discussion», a annoncé le PDG breton de la franchise. Lequel entend s'appuyer sur les producteurs locaux, qu'il souhaite accompagner financièrement à la conversion, et à «construire des filières».
Le grand distributeur rejoint ainsi les enseignes spécialisées, telles Biocoop (le premier réseau de magasins bio en France), Bio c’Bon, Naturéo… Et ses concurrents directs déjà présents sur ce secteur : Auchan (Cœur de nature), Carrefour (Carrefour bio), Monoprix (Naturalia)… La France pointe actuellement au troisième rang du marché mondial du bio, avec un chiffre d’affaires en croissance de près de 13 %, à 8 milliards d’euros en 2017. L’Hexagone se place derrière les Etats-Unis (11 milliards) et l’Allemagne (9 milliards). Avec 6,5 % des surfaces agricoles dédiées à cette agriculture, contre 8 % en moyenne dans l’Union européenne et un marché intérieur en explosion, le pays est insuffisant à faire face à la demande. En 2016, la France a importé plus de la moitié des fruits, boissons et produits d’alimentation bio qui y ont été mangés, plus du quart des légumes et 10 % des produits laitiers. En revanche, le pays a été autosuffisant dans les œufs bio, ainsi que dans le vin bio, où les importations n’ont représenté que 1 % de la consommation. Preuve que le secteur, en plus d’être rémunérateur, est porteur.
Reste à savoir si l’avenir verra une multiplication des exploitations bio ou si celles déjà en place choisiront de s’agrandir, sans suivre le mauvais exemple de l’agriculture conventionnelle au modèle intensif qui a conduit certains producteurs dans l’ornière industrielle dont ils n’arrivent pas à sortir. Une autre inconnue réside dans la poursuite ou non de l’aide au maintien des exploitants bio. Prorogée in extremis d’un an fin 2017, elle doit être supprimée pour se concentrer sur les paysans en conversion. De quoi s’interroger sur le modèle que les pouvoirs publics entendent aider alors que ces derniers appellent le secteur agricole à se réformer.