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Analyse

Mélenchon allume les médias pour faire contre-feu

publié le 27 février 2018 à 20h46

C'est une stratégie politique maintes fois éprouvée : vous êtes l'objet d'une polémique ? Créez-en une autre, bien plus grosse, pour chasser la première. Et visez de préférence les médias, le contre-feu n'en sera que plus efficace. C'est exactement ce qu'a fait Jean-Luc Mélenchon dans son dernier post de blog. Dénonçant un «coup monté du "service public"» et se lançant dans une défense inédite de Laurent Wauquiez, le député des Bouches-du-Rhône riposte au «parti médiatique». Quelle «leçon» Mélenchon a-t-il tirée de l'«affaire» qui a touché le nouveau patron de LR la semaine dernière ? «Dorénavant, on ne peut plus nulle part parler librement. La presse est ainsi la première ennemie de la liberté d'expression», écrit-il. Le «service enquête de Radio France» ? «Une sorte de CIA médiatique vouée à propager les dénonciations […] et à organiser des "coups" déstabilisateurs.» Les médias en général ? «Le dernier pouvoir absolu du pays […], une pure caste hors des droits communs de la démocratie.» «Le pouvoir médiatique est d'essence complotiste», ajoute Mélenchon, pour qui «la haine des médias et de ceux qui les animent est juste et saine». Tweets, articles web, dépêche AFP… Et hop ! La grande lessiveuse des réseaux fait oublier son histoire de comptes de campagne.

En fin de semaine - avant son post de blog donc -, il n'a pourtant pas donné de réponses à certaines questions qui se posent. Pourquoi une partie de son staff est restée salariée d'une association loi 1901 (l'Ere du peuple) et non de son association de financement de campagne une fois celle-ci mise sur pied ? « Parce qu'on avait autre chose à foutre qu'à écrire des contrats et des machins !» Un peu juste comme explication. Pourquoi avoir payé d'autres membres du staff via le statut d'autoentrepreneur ? «Parce qu'on ne savait même pas si la campagne irait au bout ! Et on ne savait pas si on serait remboursés ! […] On n'allait pas leur demander de démissionner de leur emploi pour faire un autre contrat. On a donc choisi ce statut-là.» Un peu juste là aussi : les sondages n'ont jamais donné le candidat insoumis sous les 5 % et lui-même n'a jamais pensé se retirer. L'ex-socialiste assure aussi que les chiffres donnés par Radio France - des «prestations intellectuelles» payées très cher - sont «faux». A confirmer lorsque les factures seront à la disposition des journalistes dans les bureaux de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).

En attendant, Mélenchon pourra toujours se rassurer en constatant que sa stratégie du conflit avec le «parti médiatique» fonctionne : dans le baromètre Odoxa pour l'Express, France Inter et la presse régionale, il prend quatre points (troisième personnalité préférée avec 30 % des personnes interrogées qui le «soutiennent» ou «éprouvent de la sympathie» pour lui). Dont trois points issus… des sympathisants de droite.