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Libération
Éditorial

Insincère

Laurent Wauquiez au Salon de l'agriculture, le 27 février. (Photo Albert Facelly pour Libération)
publié le 28 février 2018 à 20h56

La nature a horreur du vide. Et Laurent Wauquiez l’a bien compris. Le vide ? Celui laissé par Marine Le Pen depuis sa prestation catastrophique lors du débat de l’entre-deux-tours de la présidentielle face à Emmanuel Macron. Les Français, y compris ceux qui pouvaient prêter une oreille attentive à sa rengaine populiste, savent depuis ce soir-là qu’ils ne peuvent pas confier les clés du camion de la République à cette incompétente de présidente du Front national. Marine Le Pen s’agite pour convaincre qu’elle peut rebondir. En vain pour l’instant. Laurent Wauquiez fait le pari que ce «pour l’instant» est durable. Privés de leader, les électeurs frontistes se ramasseront à la pelle pour peu qu’on sache leur parler. Le nouveau patron de LR s’y emploie. Devant des étudiants lyonnais comme au cul des vaches du Salon de l’agriculture. Discours anti-européen, démagogie anti-immigration, caricature d’un Macron président des villes, tout est bon pour aller chercher avec les dents l’électeur frontiste orphelin. Laurent Wauquiez saute-t-il dans le vide ? Ou a-t-il un parachute caché dans sa parka pour se poser sans encombre sur les terres électorales du FN ? Son pari est risqué. En 2007, Nicolas Sarkozy, lui, l’avait gagné. Il avait tordu le bras à cet adage qui veut que l’électeur préfère toujours l’original à la copie. Mais n’est pas Nicolas Sarkozy qui veut, même si Laurent Wauquiez partage avec l’ancien président l’art du parler vrai insincère. Et une différence majeure entre les deux hommes se dessine : Sarkozy avait su draguer à l’extrême droite sans que la droite sociale, chrétienne, modérée quitte la maison. Aujourd’hui, les défections à LR pleuvent comme à Gravelotte… Autre danger pour le patron de LR : découvrir dans un an, deux ans, que derrière l’original qu’il veut copier se cache une autre copie, nommée Marion Maréchal-Le Pen.