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Opération incruste de Laurent Wauquiez au Salon de l'agriculture

Le président de LR a passé mardi la journée dans les halls de la Porte de Versailles et réédite l'exercice ce mercredi, surjouant son rôle d'homme enraciné dans les territoires, proche des gens.
Laurent Wauquiez au Salon de l'agriculture, le 27 février. (Photo Albert Facelly pour Libération)
publié le 28 février 2018 à 7h03

Rien de tel que deux journées au Salon de l'agriculture pour vous requinquer un président de parti après une semaine de «tempête médiatique». «Ici, ça remet du bon sens», savoure Laurent Wauquiez qui dirige la région Auvergne-Rhône-Alpes, malmené après la diffusion de ses propos tenus devant les étudiants d'une école de commerce de Lyon. «L'accueil du Salon parle de lui-même. Pas de sifflets et plutôt chaleureux. Ici les gens se disent qu'il y en a un qui dit les choses tout haut et qui les assume. Quelque chose s'est joué à ce moment-là même si cela n'était pas prévu. Je pense que c'est désormais un marqueur. Lui il dit les choses et ne lâche rien. Les Français ont reconnu que j'assumais et que je tenais bon», explique en petit comité le patron de LR.

Mardi, sa visite démarre le matin par les chevaux, une passion pour les équidés qu'il partage avec le leader centriste François Bayrou. «Il peut m'arriver d'avoir des points communs avec lui», sourit celui qui veut incarner le visage de l'opposition face au président de la République. A midi, il inaugure le stand de sa région et en profite pour rappeler qu'il est «à la tête de la première région agricole française. Il n'y a pas d'avenir pour notre région si on ne porte pas la fierté de nos terroirs», lance-t-il sans omettre de souligner qu'il a doublé le budget de sa région en faveur des agriculteurs, «un domaine où je ne fais pas d'économies. Je ne me contente pas de réfléchir à un programme pour l'agriculture. Je fais». Il en profite d'ailleurs pour signer l'engagement de sa région en faveur de quinze filières agricoles. «On a fait des choses et nous l'avons fait en cassant quelques idées reçues», comme sur la réintroduction du loup défendue par les défenseurs de la nature mais «qui désespère les éleveurs».

Coïncidence

Le président de LR déjeune ensuite avec quelques élus de sa région dans le restaurant du département de l'Ain. Un repas où s'est faufilée une intruse, l'ancienne députée de Meurthe-de-Moselle Nadine Morano, pas vraiment la régionale de l'étape. Du nougat de Montélimar à la brasserie du Mont-Blanc en passant par les salaisons, les fromages – Saint-Nectaire, Cantal –, les lentilles du Puy-en-Velay, ville dont il a été le maire, Wauquiez fait le tour de tous les stands de sa région, multipliant les selfies et répétant le même message : «Nous avons des agriculteurs qui font d'excellents produits et qu'on ne défend pas assez».

Une raison d'ailleurs pour laquelle il se dit opposé à la signature du traité Mercosur qui «aboutira à l'introduction chez nous de produits sans traçabilité». Un sujet sur lequel il accuse Emmanuel Macron «de changer d'attitude sans arrêt». «Il faut sortir de l'Europe», lui lance à la volée un agriculteur des Hauts-de-France dans l'une des travées du salon. «Ce n'est pas une bonne idée» répond Laurent Wauquiez, expliquant sa vision d'une Europe resserrée autour d'un noyau dur de cinq à six pays. «Oui mais moi chaque année je perds du pouvoir d'achat», lui répond l'agriculteur visiblement pas convaincu par les arguments du leader de la droite. Coïncidence, un partisan Frexit, Florian Philippot, se pointe justement dans l'allée où se trouve Laurent Wauquiez dont l'entourage fera tout pour qu'il ne se retrouve pas face à face avec l'ancien frontiste. Ce dernier prendra un malin plaisir à s'attarder sur stand de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Un rôle d’homme enraciné surjoué

Pendant ces deux journées les pieds dans la glèbe (Laurent Wauquiez est aussi au salon ce mercredi), au plus près de la France profonde, il veut faire passer un seul message : lui, aime «les agriculteurs issus de la France profonde alors que Macron est le candidat des grandes métropoles et des premiers cordée», assène-t-il. Le patron de LR surjoue son rôle d'homme enraciné et proche de cette France qu'il dit oubliée par le gouvernement. «Macron ne les a pas écoutés et il ne les comprend pas. Les agriculteurs ont très bien compris qu'ils avaient quelqu'un qui ne les comprenait pas, ne les aimait pas. Macron considère l'agriculture comme un simple secteur économique alors que c'est une partie de notre identité», explique Wauquiez. Avec l'espoir de parvenir à incarner auprès des agriculteurs ce que Jacques Chirac était parvenu à faire en son temps auprès de cette catégorie de population. «Mais le chemin sera long», reconnaît-il.