La fière Hidalgo agace, la droite surtout, et les automobilistes encore plus. Des femmes qui décident, on dit toujours qu’elles sont autoritaires. Est-elle sans défaut ? On peut trouver dans sa gestion des failles, des faiblesses, des maladresses. Elle défend sa cause crânement, ce qui ne lui fait pas que des amis. Dans la vie parisienne, on trouvera à coup sûr des insuffisances, des rues mal nettoyées, des dépenses mal calibrées, des rats autour des poubelles. Mais la question dépasse largement ces embarras parisiens, que l’on trouve sous toutes les mandatures, du temps de La Bruyère ou aujourd’hui. Faut-il abandonner la capitale à l’automobile ? C’est le fond de l’affaire. Au-delà de toute considération partisane, les uns défendent le confort des conducteurs, les autres savent que la ville n’est pas faite pour la voiture, que la circulation chasse les flâneurs, assourdit les promeneurs et, surtout, pollue l’air de Paris. Les premiers ont tort, les seconds ont raison. Dans toutes les villes-monde - Paris en est une, dans le trio de tête des métropoles qui attirent -, on cherche à réduire la part de l’automobile dans les transports. Pour éradiquer l’automobile ? Non : pour dissuader ceux qui prennent leur voiture à tout propos, pour convaincre ceux qui font de petits trajets qu’ils iront aussi vite en métro, ou à pied. Ils sont légion. Une fois leur erreur admise, ils laisseront la place aux piétons, aux cyclistes, et à ceux qui n’ont d’autre solution, parce qu’ils travaillent ou qu’ils viennent de loin, que de se mettre au volant. C’est le sens de l’humanisation de la ville qu’on cherche à instaurer, à New York, Londres ou Amsterdam, pour libérer les citadins et contrer le réchauffement climatique. En bref, c’est le sens de l’histoire.
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