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Libération
Interview

Retards dans la mise en place du nouveau service Vélib

«Est-ce que cela est lié à une quelconque incompétence des élus ou de l’administration ? La réponse est clairement non»
publié le 4 mars 2018 à 20h16
Comment expliquez-vous le très grand retard dans la mise en place du nouveau service Vélib ? N’est-ce pas le signe d’un dysfonctionnement ?

Le principe de la mairie de Paris, c’est qu’elle respecte le droit. Si vous prenez le Vélib, nous sommes dans le cadre imposé des marchés publics. Lors de son renouvellement, il y a eu deux changements fondamentaux. Un changement d’échelle : ce service de vélos partagés ne couvre plus seulement Paris, mais 68 communes de la métropole. Et un changement technologique : le passage à 30 % de vélos à assistance électrique, qui nécessitait de changer toutes les bornes. N’oublions pas que, dans une procédure d’appel d’offres, les élus n’interviennent pas ; s’ils le faisaient, ce serait du favoritisme. Ce sont les administrations qui établissent le cahier des charges et qui notent les candidats.

Oui, mais ce sont bien les élus qui définissent le futur service…

Oui, ce sont les élus des 68 communes concernées, dont Paris, qui ont fixé les grandes orientations  du nouveau Vélib. Ensuite, les services administratifs ont mis au point la grille d’évaluation et de notation des entreprises. Lorsque, au bout de ce processus très strict, une entreprise obtient une note supérieure aux autres, les politiques sont liés. Pour le Vélib, c’est Smovengo qui a eu la meilleure note. Dès que j’ai su que ça ne serait pas le prestataire sortant, j’ai demandé que l’on veille à la transition. Car lorsqu’un prestataire historique est battu et qu’un autre le remplace, une chose est sûre : le passage de flambeau ne va pas de soi et s’avère difficile.

Quand j’ai vu que Smovengo rencontrait un certain nombre de difficultés et d’imprévus pour assurer le déploiement, j’ai décidé qu’on leur apporte une aide dans la coordination des travaux, que l’on fasse des réunions hebdomadaires avec le syndicat mixte, le prestataire et les autres opérateurs concernés.

Vous allez appliquer les pénalités de retard ?

Oui, bien sûr. Elles se chiffrent à un million d’euros par mois au minimum. Mais sur ce dossier, je considère qu’il y a un sujet de droit. Les marchés publics en France sont mal conçus. J’en ai discuté avec Emmanuel Macron et Gérald Darmanin. Je leur ai dit : faisons un retour d’expérience sur ce qu’il vient de se passer là. Et voyons comment faire en sorte que lorsqu’il y a des transitions de cette nature-là, entre deux entreprises, on puisse intégrer par exemple des critères liés au temps qu’il faudra pour retrouver la même qualité de service. Cela bien entendu sans remettre en question la libre-concurrence et la transparence. Est-ce que ce qui nous arrive est lié à une quelconque incompétence des élus ou de l’administration ? La réponse est clairement non. On a simplement respecté le droit.

Quand le nouveau service va être opérationnel ?

On est en train de faire le point station par station. Les progrès sont trop lents à mon goût, mais j’espère que d’ici avril, on aura un service quasiment rétabli.