Il en va du 8 mars comme des autres journées dédiées à des causes : même les premières concernées soupirent «gadget, non-événement», vu que l'ONU l'a instaurée en 1977 et qu'en matière de droits des femmes, on voit surtout les non-progrès accomplis. Mais le contexte cette année est particulier. La vague #MeToo a révélé l'ampleur de l'abus de pouvoir via les violences sexuelles. Or il existe aussi une violence institutionnalisée, qui perdure malgré la loi : l'inégalité salariale. Comment la dénoncer ? Libé a décidé de reprendre l'idée du mensuel canadien Maclean's, qui a fixé deux prix pour son édition de mars, les hommes payant plus cher : 8,81 dollars au lieu de l'habituel 6,99, cette fois réservé aux femmes. L'écart correspond aux 26 % de salaire en moins subis en moyenne par les Canadiennes. Au départ, Libé a plutôt envisagé de faire une fleur aux femmes : un prix plus bas, 1,50 euro. Mais ça avait des airs d'aumône. Levée de boucliers au sein de la rédaction. Alors, quitte à braquer les masculinistes, Libé est ce jour plus cher pour les hommes, un effort à la mesure de leur avantage. Les bénéfices éventuels seront reversés au Laboratoire de l'égalité.
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