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Analyse

Le PS n'est pas mort, il débat encore

Les quatre candidats au poste de secrétaire général ont débattu mercredi soir. C'est au moins un signe encourageant pour les militants.
Les quatre candidats à la direction du PS, lors de leur débat, le 7 mars. De gauche à droite et de haut en bas: Stéphane Le Foll, Emmanuel Maurel (en haut), Luc Carvounas, Olivier Faure. (Photo Marc Chaumeil pour Libération)
publié le 8 mars 2018 à 0h41

Si ce premier débat entre candidats à sa direction devait nous renseigner sur l’état de santé du Parti socialiste, force est de reconnaître qu’il ne nous a pas rassurés. On avait laissé des socialistes malades de leurs divisions. On les a retrouvés exactement là où on les avait quittés. Comme ces accidentés de la route qui n’en finissent pas de répéter en boucle le film de leur sortie de route. Est-ce la faute des débatteurs ou des questions des journalistes, toujours est-il que le téléspectateur a pu avoir l’étrange sensation d’être embarqué dans une machine à remonter le temps, pour revivre les débats sur le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité, et ses absences de contrepartie) ou sur la loi travail, première et deuxième moutures. Chacun des acteurs a très clairement repris son rôle : Stéphane Le Foll en avocat pugnace des acquis de la politique de François Hollande; Emmanuel Maurel en frondeur intransigeant, défenseur d’un retour aux «fondamentaux» de la gauche; Olivier Faure en position médiane, partisan inlassable du compromis, seul chemin, selon lui, d’un possible retour de fortune. Pour rompre cette impression de déjà-vu, Luc Carvounas a essayé de brouiller nos vieux repères: ancien soutien de Manuel Valls, le voilà, téléporté à la gauche du parti, en train de soutenir des positions, que son ancien mentor aurait, à n’en pas douter, qualifié d’archaïques.

Heureusement Emmanuel Macron était là pour les réunir, dans une opposition presque unanime. La politique, notamment fiscale, du chef de l’Etat (il a été beaucoup question d’impôts mercredi soir) a été l’alliée objective des quatre candidats au poste de premier secrétaire : tous ont réaffirmé que la gauche, leur gauche, s’oppose radicalement à la suppression de l’ISF, à l’instauration de la «flat tax» sur le capital, à la suppression des emplois aidés, ou encore à la fin du statut des cheminots. Tous se sont même donné rendez-vous le 22 mars pour aller manifester dans la rue pour la défense de la fonction publique, si toutefois (c’est une condition mise par Stéphane Le Foll), les syndicats restent dans une démarche unitaire. Ce plus petit commun dénominateur fait-il pour autant un projet pour l’avenir du Parti socialiste? Evidemment non. Mais il permet de rassurer les militants, leur prouver que l’espace politique du PS, cette langue de terre coincée entre la République en marche et la France insoumise existe toujours bel et bien. Car il ne faut pas se tromper de débat et d’élection. Les quatre candidats n’étaient pas là pour s’adresser aux Français mais convaincre les encartés qu’il est encore temps d’imaginer un avenir à leur parti. Le jeudi 15 mars, date du premier tour, entre 30 000 et 40 000 militants sont appelés à voter. Nul ne sait dans quel état d’esprit ils sont. Ni à quoi ils aspirent vraiment. Mais mercredi, cette petite bourgade qui s’appelle Parti socialiste a eu au moins la confirmation qu’elle vit encore. C’est déjà beaucoup.