Tenon, Saint-Antoine, Bichat, Saint-Joseph, Lariboisière : cette nuit, les devantures de ces cinq hôpitaux parisiens ont été prises d’assaut par le collectif féministe (et non-mixte) Insomnia pour une opération symbolique contre les violences obstétricales et gynécologiques. Dans la plus grande discrétion, des dizaines de personnes sont allées déposer des sculptures de vulves ensanglantées, plantées de pinces et accompagnées du slogan «Femmes, il y a urgence» à proximité des structures hospitalières citées plus haut. Des affiches, marquées de témoignages forts «visant à briser le silence sur ces violences», ont également été collées sur les murs des entrées principales. Comme celui-ci : «Pendant qu’il m’auscultait, il a touché mon piercing au nombril en me disant «coquine» avec les autres doigts à l’intérieur de moi.»
Une action doublement efficace puisque le 8 mars n'est pas seulement la Journée internationale des droits des femmes mais aussi le jour d'ouverture du congrès européen de gynécologie et d'obstétrique, organisé Porte Maillot, à Paris. Sur la page Facebook du collectif, les militantes ont tenu à expliquer leur ligne de conduite : «Touchers vaginaux, césariennes et épisiotomies excessives et sans consentement, expressions abdominales, point du mari : les violences médicales dont peuvent être victimes les femmes sont nombreuses et banalisées. Cela commence par des gestes déplacés et des remarques humiliantes ou condescendantes, mais ne s'arrête pas là, comme en témoignent des centaines de femmes dans les médias.»
Insomnia n’en est pas à sa première campagne. A l’occasion de la Journée internationale des droits des filles, dans la nuit du 10 au 11 octobre 2017, le collectif avait mené une action dans plusieurs quartiers de Paris en peignant des fontaines en rouge pour sensibiliser le public sur le tabou des règles. En novembre 2016, pour la Journée contre les violences faites aux femmes, les militantes avaient arraché dans la nuit les affiches des abribus parisiens pour les remplacer par des affiches donnant les chiffres des féminicides en France ainsi que les noms et les âges des victimes. A l’origine, ce collectif a été créé par plusieurs femmes pour protester contra la chaîne de restaurants Bagelstein et les remarques sexistes imprimées sur les emballages de leurs sandwichs.