De l'université à la maison de retraite. Jeudi, des étudiants et des migrants, qui s'étaient installés fin novembre dans une partie de l'université de Nantes (le château du Tertre et le bâtiment Censive), ont entamé une nouvelle occupation, celle d'une ancienne maison de retraite, rue Maurice-Sibille. La veille, ils avaient été délogés du campus universitaire par les forces de l'ordre. L'évacuation avait été autorisée par le tribunal administratif le 5 décembre. Selon Presse Océan, il aura fallu 300 policiers pour faire partir au petit matin mercredi, plutôt dans le calme, une centaine de migrants et leurs soutiens.
Du côté de l'université, où la police ne peut intervenir sans l'autorisation du président de l'établissement, on évoque des questions de sécurité. «L'occupation de locaux de l'université ne pouvait pas être une solution pérenne mais nous étions prêts à laisser un peu de temps à l'ensemble des acteurs pour envisager un relogement dans des lieux adaptés. Notre seule condition était de pouvoir garantir en tout temps la sécurité de tous nos personnels, étudiants, ainsi que celle des migrants présents dans nos locaux. Cette condition n'ayant pas été entendue par certains occupants, nous avons clairement signifié au collectif que l'occupation n'était plus possible et que l'application de l'ordonnance était demandée», a expliqué le président de l'université de Nantes, Olivier Laboux, dans un communiqué.
Les migrants de la fac de Nantes ont été expulsés ce matin. Beaucoup attendent sur un parking sans savoir où aller #Nantes pic.twitter.com/IC8HCVTDMc
— 20 Minutes Nantes (@20minutesnantes) March 7, 2018
Plusieurs associations, dont Médecins du monde, se sont émues de cette évacuation réalisée sans solution de relogement pour les migrants, en plein hiver. Dès le lendemain, le collectif de soutien aux migrants a lui-même trouvé une option : occuper un nouveau bâtiment. Cette fois, c'est une ancienne maison de retraite, appartenant à Nantes Métropole Habitat, qui a été choisie. Selon 20 minutes, l'établissement dispose d'eau et d'électricité, compte une soixantaine de chambres et un réfectoire.
Dans cette ancienne maison de retraite il y a aussi un réfectoire encore équipé et une grande salle à manger #Nantes #migrants pic.twitter.com/BlgsOOkewp
— 20 Minutes Nantes (@20minutesnantes) March 8, 2018
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Les forces de l'ordre se sont rendues sur place avant de se replier dans l'après-midi. Un départ qui a provoqué la joie des occupants, comme le montre cette vidéo tournée par Presse Océan. D'autant que la maire de Nantes, Johanna Rolland, s'est engagée à ne pas faire évacuer le bâtiment avant la fin de la trêve hivernale, le 31 mars.
«L'accueil des migrants est une responsabilité collective. […] J'ai décidé de ne pas demander le recours à la force publique. […] Toutefois, le maintien sur place des migrants doit se faire sous des conditions précises», a indiqué l'édile socialiste par voie de communiqué. Les représentants du collectif ont rencontré à ce sujet, hier après-midi, l'adjointe en charge du dossier, Aïcha Bassal. Ils ont convenu d'un nombre maximum de migrants hébergés (120, soit deux par chambre) et que les occupants devraient maintenir des relations de bon voisinage. Chaque semaine, une réunion permettra aux représentants des occupants, de Nantes Métropole Habitat et de la mairie de faire le point. Mais à partir du 31 mars, insiste la ville, une autre solution d'hébergement devra être trouvée. Et c'est à l'Etat que la maire de Nantes en appelle : «Je demande solennellement la tenue de la table ronde que j'ai proposée à l'Etat depuis des semaines voire des mois. […] Une mobilisation collective est indispensable.»