On l'appelle désormais «l'affaire Noyer». Ce jeune caporal du 13e bataillon de chasseurs alpins à la caserne de Barby, s'est volatilisé dans la nuit du 11 au 12 avril 2017, après une soirée en boîte de nuit, à Chambéry. Plus personne ne l'a revu. Quelques mois plus tard, le 7 septembre, des débris de son crâne seront retrouvés sur un chemin de randonnée par un promeneur. Puis, en janvier, quelques ossements. Depuis sa mise en examen pour «assassinat», le 20 décembre, Nordahl Lelandais conteste toute implication dans la mort d'Arthur Noyer. Néanmoins, selon les informations de BFMTV, il a concédé, lors d'un interrogatoire, le 5 février dernier, l'avoir pris en stop.
Il faut revenir à la chronologie pour bien comprendre. C’est l’interpellation de Nordahl Lelandais, maître-chien de 34 ans, initialement soupçonné dans la disparition de Maëlys, dans la nuit du 26 au 27 août 2017 lors d’un mariage à Pont-de-Beauvoisin, qui a permis de relancer le dossier Noyer. Les enquêteurs se sont en effet rendus compte que le suspect du «dossier Maëlys» était dans la même zone géographique qu’Arthur Noyer, le soir de sa disparition. En effet, leurs téléphones portables avaient déclenché les mêmes relais, aux mêmes horaires. Le véhicule de Nordahl Lelandais avait également été identifié dans les parages par les caméras de vidéosurveillance.
Pour autant ce dernier a toujours nié les faits, comme il a pu le faire dans la disparition de la fillette. Ce n'est que le 14 février, qu'est survenu le basculement judiciaire : Nordahl Lelandais a conduit les enquêteurs jusqu'au lieu d'enfouissement du corps de l'enfant. Le procureur de la République de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, ainsi détaillé lors de sa conférence de presse : «il a expliqué qu'il avait tué Maëlys "involontairement" et qu'il s'était débarrassé du corps. Il l'a d'abord déposé à proximité de sa maison à Domessin et est retourné au mariage. Puis il a récupéré le corps, l'a mis dans son coffre et l'a déposé dans un endroit reculé dans la montagne.»
A ce moment-là, le magistrat ne parle pas de l'évolution survenue dans l'autre dossier puisqu'il est instruit à Chambéry. Pourtant, selon les informations de BFMTV, c'est lors de son interrogatoire du 5 février devant la juge d'instruction chargée de l'affaire que Nordahl Lelandais a reconnu avoir pris le caporal en stop. S'il est prématuré de parler d'aveux, les déclarations du mis en examen constituent néanmoins une avancée importante : elles permettent pour la première fois d'établir que les deux hommes se sont rencontrés, qu'il ne s'agit pas seulement d'une proximité géographique, d'une coïncidence de parcours. À ce stade, Nordahl Lelandais conteste toujours le crime et précise, selon BFMTV, l'«avoir déposé à l'issue du trajet». Les investigations doivent donc se poursuivre. La semaine dernière, les familles de deux hommes disparus en 2011 et 2012 ont porté plainte auprès du parquet d'Albertville, en Savoie, pour «enlèvement et séquestration».