En tant qu'«ambassadeur de Marine Le Pen pour la refondation» du parti, il aurait dû être au cœur du XVIe congrès du FN, ce week-end. Mais Davy Rodriguez, assistant parlementaire du député frontiste du Nord Sébastien Chenu et numéro 2 du Front national de la jeunesse (FNJ), a été écarté de l'événement dimanche. Accusé d'avoir tenu des propos racistes à Lille, en marge du congrès, le jeune homme a aussi été suspendu à titre conservatoire par Chenu. Une décision approuvée par Marine Le Pen, selon ce dernier, cité par l'AFP.
Les faits qui lui sont reprochés se sont produits vers 2 heures dans la nuit de vendredi à samedi, à la sortie du bar la Plage, où plusieurs frontistes faisaient la fête. Alcoolisé, agressif et violent, selon des témoins interrogés par Libération, Rodriguez se serait emporté après avoir été sorti du bar par un videur. Dans une vidéo non datée qui tourne sur les réseaux sociaux, on l'aperçoit, visiblement agité. Il semble lancer «espèce de nègre de merde» à une tierce personne, qui pourrait être le videur avec qui il a eu une altercation. Des proches tentent alors de le raisonner : «Calme-toi, Davy, tu n'as aucun intérêt à t'énerver ! Tu crois que Marine elle aimerait te voir comme ça ?» Une version que Rodriguez réfute. Interrogé ce dimanche par le site Buzzfeed, qui a dévoilé l'affaire, il dénonce une vidéo qui serait «un pur montage» et une «cabale politique». Sur Twitter, le frontiste, passé par le Front de gauche (il avait fait la campagne de Jean-Luc Mélenchon en 2012) avant de cofonder le FN de Sciences-Po Paris en 2015, «nie formellement avoir tenu les propos racistes qui [lui] sont prêtés».
Pourtant, cité par Buzzfeed, un témoin de la scène, membre du FN, confirme avoir clairement entendu l'insulte raciste. De plus, toujours selon le site, qui a interrogé le vigile victime potentielle des insultes, Davy Rodriguez lui aurait également dit «sale Africain, rentre chez toi en Afrique, singe, tu n'as rien à foutre ici !» Des propos qu'il nous a été impossible, dimanche, de recouper. Selon une source au FN, Rodriguez aurait été renvoyé à Paris dimanche, alors que la polémique enflait. Il devrait passer en commission de discipline lundi. Interrogé par le Parisien, Sébastien Chenu explique que la suspension de son assistant doit permettre de «faire la lumière» sur des faits. «Mon assistant conteste et je lui en fais crédit, condamnant moi-même ce type de propos», a-t-il expliqué, parlant de «traquenard» devant des journalistes. Même discours de Gaëtan Dussausaye, à la tête du FNJ, qui met en doute la véracité de l'affaire sur le Huffington Post : «Ça me surprend, ce n'est pas comme ça que je connais Davy. Pour le moment, on a d'autres choses à gérer durant ce congrès.»
Le député FN Gilbert Collard se montre plus prudent dans le JDD, se disant «malade» des propos tenus par Rodriguez et demandant des «sanctions fermes». L'affaire fait en tout cas tache au congrès «refondateur» alors que la veille, Steve Bannon, sulfureux ex-idéologue de Donald Trump invité par le parti (lire page 5), avait lancé, dans un discours critiquant le traitement des médias à leur égard : «Vous vous battez pour votre liberté, ils vous traitent de xénophobes, vous vous battez pour votre pays, ils vous traitent de racistes.» Une phrase alors largement applaudie.