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Logement

Les résidences étudiantes, un business en développement

Alors que la population étudiante ne cesse de croître et que les flux d'étudiant étrangers en Europe explosent, la question de leur logement reste un (gros) problème mal abordé. Il en a été question au Marché international de l’immobilier, à Cannes.
Logements étudiants, à Nanterre (Hauts-de-Seine), en 2017 (Photo Marc Wattrelot. AFP)
publié le 14 mars 2018 à 12h35

En matière de logement étudiant, tout manque. Les habitations d’abord, mais les connaissances aussi. Ni les villes ni les universités ou les écoles ne savent rien des besoins, des envies ou de la mobilité des étudiants. Cinquième roue du carrosse immobilier, ce domaine clé semble avoir été oublié par les pouvoirs publics.

Au Marché international de l'immobilier à Cannes, le cabinet Student Marketing a donc expliqué aux investisseurs qui sont les étudiants, ce qu'il leur faut et surtout à quel endroit. «En Europe, le taux d'occupation des résidences étudiantes est de 99%, ce qui signifie que la demande est supérieure à l'offre», explique Stefan Kolibar, le directeur de la communication du cabinet de consultants.

Les investissements dans les résidences étudiantes ont certes été multipliés par neuf en dix ans mais on reste loin du compte. En gros, à Paris, 5 % des demandes sont satisfaites, ce qui place la ville dans le top 3 européen du lamentable, derrière Vienne et Milan. A Toulouse, ce chiffre grimpe à 39 % et à Lyon, à 42 %. C’est mieux, ou moins mal, comme on voudra. En quelques années, la Grande-Bretagne a quasiment répondu à la demande. En Allemagne, France, Italie, Espagne et dans les pays d’Europe centrale, c’est la cata.

Etudiants étrangers

Quoique, pas pour tout le monde. Longtemps ignoré par les investisseurs, le marché de la résidence étudiante est devenu une nouvelle classe d’actif. Les consultants de Student Housing ont étudié les mobilités internationales des jeunes en parcours de formation et proposent donc au marché immobilier leurs données macroéconomiques sur ces cohortes peu étudiées.

Ce qui compte pour les étudiants ? Dans l’ordre : les services dans la résidence, la distance vers l’université ou l’école, celle qui sépare du centre-ville. La sécurité, la communauté étudiante apparaissent comme des facteurs secondaires.

En ayant démarré leurs études marketing sur les étudiants qui partaient à l'étranger dans leur cursus, les consultants de Student Marketing estiment que les villes et les universités devraient maintenant anticiper les croissances des flux venant de Chine ou d'Inde, en forte augmentation, et «qui deviendront peut-être des citoyens des pays d'accueil», remarque Stefan Kolibar.

Nul doute que les investisseurs ont compris qu’il y a là un business. Mais si les villes et les établissements d’enseignement supérieur ne veulent pas que ces résidences ne soient destinées qu’aux mieux lotis, ils auront intérêt à regarder ces nouveaux indicateurs macroéconomiques. Et à se mêler de ce marché.