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Santé

Zika : 7% d'atteintes neurologiques sur les fœtus

En Guadeloupe, une étude sur les femmes enceintes touchées par le virus Zika montre un taux d'atteintes neurologiques sur le fœtus moins élevé que prévu.
Un moustique Aedes aegypti, responsable du virus Zika (Photo Marvin Recinos. AFP)
publié le 14 mars 2018 à 22h01

On se souvient de la crainte puis de la panique lors de l'épidémie de Zika en 2015-2016, en particulier dans les territoires d'outre-mer où le moustique porteur du virus se propageait massivement. Une inquiétude d'autant plus justifiée que la situation au Brésil avait révélé que, certes Zika n'était pas très méchant pour les hommes, mais qu'il se révélait d'un grand danger pour les femmes enceintes, avec près d'un tiers d'atteintes neurologiques sur le fœtus si la future mère avait été contaminée. Ce mercredi, dans le NEJM (New England Journal of Medicine), paraît une étude française qui démontre que dans ces territoires français, le taux d'atteintes neurologiques sur le fœtus est finalement plus bas, autour de 7%.

«Même si ces taux de complications sont faibles par rapport à d'autres infections virales chez la femme enceinte, ils restent préoccupants car en phase épidémique le virus Zika peut contaminer plus de 50% d'une population», commente Arnaud Fontanet, responsable de l'unité d'épidémiologie des maladies émergentes à l'Institut Pasteur, et co-investigateur de l'étude. Ce travail repose sur la mise en place par l'Inserm, en mars 2016, d'une cohorte de femmes enceintes exposées au virus Zika dans les territoires français d'Amérique. Avec un objectif : étudier en situation épidémique, les complications fœtales et néonatales associées à l'infection.

Complications neurologiques

Plusieurs milliers de femmes enceintes ont été ainsi suivies entre mars 2016 et août 2017, tous les mois jusqu'au terme de leur grossesse. Le travail s'est concentré sur celles qui présentaient une infection au virus Zika confirmée biologiquement entre mars 2016 et novembre 2016. «Toutes les complications et traitements reçus ont été consignés et si une anomalie fœtale était détectée lors d'une échographie, un examen supplémentaire du fœtus par imagerie par résonance magnétique était réalisé», précisent les auteurs de l'étude.

Les résultats montrent que le taux d'anomalies neurologiques congénitales chez les fœtus et bébés issus de cette cohorte de femmes enceintes est de 7%. L'étude confirme que le risque est surtout important lorsque l'infection survient au cours du premier trimestre de grossesse. En détail, les résultats montrent que la fréquence des complications neurologiques est de 12,7% quand la mère est infectée au cours du 1er trimestre de grossesse, 3,6% lorsqu'elle est infectée au cours du 2e trimestre, et 5,3% lorsque l'infection apparaît au cours du 3e trimestre.

«Ces résultats sont les premiers issus des analyses de cette cohorte car les bébés sont encore très jeunes», explique Bruno Hoen, médecin chercheur à l'Inserm et au CHU de la Guadeloupe, et investigateur principal de l'étude. Précisant : «Un suivi de l'ensemble des enfants sera indispensable pour identifier d'éventuelles complications plus tardives.»